The Mountains of Majeed, Edmund Clark, lit-on en couverture d’un livre fin dont le design évoque celui d’un calendrier à spirales qui fait défiler les pages au rythme des mois. L’association des noms est ambiguë, mêlant l’Orient et l’Occident autour d’un élément de la mythologie universelle. Ces montagnes, ce sont celles de l’Afghanistan, peintes à l’huile éclatante par un artiste local dont on ne connaît que le prénom, Majeed, et découvertes dans la cafétéria de la base américaine de Bagram par le photographe Edmund Clark.
Ces montagnes, ce sont aussi celles qui, dans le poème d’Hejran, compositeur de vers amateur, résonnent des cris des résistants : « Once again screams are heard from the top of the mountain over there; Screams are heard from each valley, from each peak », écrivait-il en 2007. Pour les soldats américains, Bagram est une base. Pour les Afghans, c’est l’endroit où se rejoignent les rivieres de Ghorbad et Panjshir, aux pieds de la montagne d’Hindu Kush. Depuis la guerre — celle que les autorités américaines ont paradoxalement nommée “liberté durable” (Enduring Freedom) —, ces montagnes sont aussi celles qui abritent les rebelles, introuvables dans le dédale d’arêtes sablonneuses qui dessinent ses flans.
De leur hauteur, elles surplombent les murs d’enceinte de la base, inébranlables malgré l’artillerie américaine, inévitables malgré les hautes parois de béton et de barbelés de l’enclave militaire. Romantiques ou inquiétantes, elles apparaissent dans toutes les images capturées par Edmund Clark depuis l’intérieur de la parcelle américaine. Et ce même quand, comme dans les peintures flamandes du XVIe siècle, elles sont aussi bleues que le ciel orageux, ou aussi beiges que les tas de débris. Omniprésentes, en pierre en ou peinture, elles dominent l’iconographie afghane, reflétant l’histoire du pays quelle que soit la perspective, populaire ou diplomatique.
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