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Éditions Louis Vuitton : Slim Aarons : Italian Rivieras

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Synonyme d’art de voyager depuis 1854, Louis Vuitton continue d’ajouter des titres à sa collection « Fashion Eye ». Chaque livre évoque une ville, une région ou un pays, vu à travers les yeux d’un photographe. Les côtes italiennes de Slim Aarons évoquent une insouciance méditerranéenne, fantasmée ou bien réelle, où se combinent charme et mondanités.

Les étés italiens de Slim Aarons suggèrent un défilé de princesses, duchesses, stars de cinéma, mannequins et riches propriétaires. Alana Collins, Stéphanie Richardson, Lucretia Moroni, la comtesse Fabrizia Citterio le comte Mitia Guerrini-Maraldi évoquent peut-être pour les plus vieilles âmes des souvenirs ensuqués. Quelques figures demeurent dans le fond d’une image, comme Tony Curtis et sa frimousse de canaille. Mais ces noms ne résonnent plus toujours, effacés par d’autres étoiles, riches ou bien-nés.

D’autres se ficheront en ouvrant ce nouvel opus de la collection « Fashion Eye » des titres et de leurs conditions. Ils y verront des corps lustrés et longilignes, des peaux tannés et fermes, des silhouettes désirables et lascives. Beaucoup de grâce et d’érotisme, dans ce que l’été suggère de pose, de jouissif et de festif.

Ce monde-là fut une époque à part. Je ne l’ai pas connue, et le fantasme reste bien lointain. Mais si les côtes italiennes et françaises se battent encore pour ravir la couronne des mers méditerranéennes, il n’est pas risqué d’affirmer révolu cet âge d’or du paraître. Les côtes se sont depuis bâties de béton, les plaisirs sont devenus des industries. Et le tourisme a gâté peut-être, sinon rendu accessibles c’est selon, les eaux-claires.

Faut-il regretter cette parenthèse ? Pas nécessairement. Les époques passent, leurs distractions se tissent et se retissent. Les livres se font pour raconter des histoires inaccessibles. C’est le propre d’une fiction, qui peut aussi bien habiter des mots que les marges d’une photographie. « Le mode de vie sélect et démesurément riche d’un tout petit nombre que j’ai eu la chance d voir et d’immortaliser disparaît à vue d’œil », écrivait Slim Aarons (A Wonderful Time : An Intimate Portrait of the Good Life, 1975).

Dès années 1960 aux années 1980, il demeurait à Porto Ercole, Capri ou sur la côte almafitaine cette impression de nouveauté et de jouissance formant une quête de l’élégance. Le cinéma américain comme sa littérature se nourrissaient de rivages et d’agapes. Les tournées des musiciens finissaient dans des villas luxueuses. Mais plus que la fiction au long cours, ce fut la photographie par l’entremise de ses magazines de mode et ses photo-reportages qui contribua à ancrer l’imaginaire des vies douces (comme inaccessibles). Aarons ancra avec ses photographies couleur, nouvelles pour l’époque, l’imaginaire de la jetset dans des revues sur papier glacé comme Holiday.

Ses photographies aujourd’hui iconiques comme légèrement risibles ancrent ce qu’il désigne, dans le titre de son premier livre comme la bonne vie (The Good Life). La vie gracieuse, la vie d’excellence, la vie parfaite, l’idylle si l’on préfère. Cette époque, et surtout, cette frange sociale et ses distractions disent le relâchement de l’Occident au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Un besoin de vivre inconditionnel. « Je considérais que j’avais droit à une vie facile et luxueuse après toutes ces années passées à dormir à même le sol, dans la boue, à me faire tirer dessus et à subir des bombardements. La guerre était finie, et j’avais hâte d’oublier toute cette misère ».

Son œuvre affirme cette volonté baveuse d’habiter une illusion, de se défaire des contingences. « Les femmes se doivent d’être magnifiques, les hommes d’être séduisants » tenait ce « gentleman photographer » de Louis B. Mayer. De son œil, il subsiste un monde de dieux et de plaisirs, sans le revers des nuits et la violence des désirs. C’est un monde de plaisirs et de beautés. Factices peut-être, mais n’est-ce pas toujours la fiction le plus réel ?

Slim Aarons – Italian Rivieras
Éditions Louis Vuitton, collection « Fashion Eye »
2023, 112 pages
Edité par Patrick Rémy  et Anthony Vessot
Direction éditoriale : Axelle Thomas
Graphisme : Lords of Design
Disponible en librairie ou en ligne

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