Rechercher un article

Editions Bessard : Camille Brasselet : The Sound of Silence

Preview

Publié aux Éditions Bessard, The Sound of Silence de la photographe Camille Brasselet met en scène des corps de femmes dans des compositions soignées et délicatement mystérieuses.

“Une plénitude particulière et une douceur silencieuse et étrange.” Ces quelques mots, inscrits en anglais dans l’introduction de Camille Brasselet en première page de son livre, traduisent parfaitement l’impression qui émerge de The Sound of silence. On y parcourt au fil des pages un ouvrage délicatement hanté de corps immobiles dans des décors léchés aux couleurs et à la composition millimétrées.

Publié au sein de la collection Bespoke des Éditions Bessard, le livre est un objet d’art soigné dans lequel la couverture donne le ton. Les lignes horizontales d’une baignoire, des carreaux de céramique ou d’une serviette dissimulant le haut du corps d’une femme nue tracent des parallèles qui déclinent une palette de teintes beiges orangées et contrastent avec la toile bleue qui entoure le livre.

Dans le cadre, hors du cadre

Après les quelques mots d’introduction qui convoquent “une quête constante de l’impact du corps dans l’environnement”, “une sensation de moments suspendus” ou une “étrangeté perturbante”, la question de l’absence marque d’emblée. Un corps de dos à la chevelure courte tachetée d’empreintes grises nous accueille face à une porte fermée, une main inconnue posée sur son épaule. On tourne la page pour découvrir un premier visage, qui, sans être fuyant, regarde volontairement hors du cadre, assis à une table de café à côté de son double, de dos. Les teintes bleues répondent à l’image qui lui fait face, dominée par un mur vert pâle et par le jaune qui illumine le fond du miroir dans lequel une femme assise sur un lit laisse courir un morceau de sa chevelure sur son dos.

Je suis une maniaque du cadrage, du pli, du cheveu qui dépasse, de la lumière” avouait la photographe en mars 2022 pour la magazine Arkuchi. On ressent, au fil de ces vingt-trois images où se succèdent des palettes de couleurs pastels puis de teintes chaudes hors du temps, la maîtrise technique et picturale de la photographe de 26 ans. Rien n’est laissé au hasard : du choix des costumes aux modèles, aux accessoires ou aux décors, pris en photo en lumière naturelle et peu retouchés en post-production. «Tout ce qui rentre dans mon cadre est pensé», résume-t-elle.

Photographie, peinture et céramique

Finaliste du Prix HSBC pour la photographie en 2021, lauréate du Fotofever Prize en 2020 et du prix le19M de la photographie des métiers d’art dans le cadre du Prix Picto de la photographie de mode 2022, Camille Brasselet explique composer ses images “comme une peinture, par des aplats de couleurs. Avant de poser mon personnage dans l’histoire. Je recherche un éclairage naturel, très plat, avec le moins de contraste et d’ombres possible.”

On reconnaît l’influence d’Erwin Olaf mais davantage encore des toiles désincarnées de Clark et Pougnaud. Attentive à différents modes d’expression, notamment la peinture, la sculpture et la gravure qu’elle a expérimentée lors de ses études aux Beaux-Arts de Saint-Brieuc, elle semble aussi convoquer les couleurs et les textures de Domenico Gnoli au fil des pages de The Sound of Silence. Camille Brasselet y joue avec les motifs : la céramique d’une piscine, les carreaux d’une salle de bain, les marches plastiques d’un escalier ou les casiers d’un vestiaire au sein de décors intimes ou publiques, vidés de leur foule.

Lieux familiers et scènes étranges

“J’aime beaucoup le cinéma et les décors de Wes Anderson, de Lynch, d’Almodovar”, explique la photographe qui compose des scènes troublantes où le personnage installé dans la scène nous dissimule sa pensée, quand son visage ne se dérobe pas complètement. Les corps mis en scène sont des composantes du décor. Ils lui répondent, s’y fondent ou marquent une rupture avec lui, s’installant comme des formes arrondies qui rompent avec la douce rigidité des lieux. En découle une géométrie particulière où se mélangent corps de femmes, tissus, couleurs et dans laquelle la question du hors-champ est omniprésente.

 

Les regards, les lumières, les décentrages, les miroirs incitent à aller voir plus loin. “C’est au fond tout ce qui nous échappe, cette faille qu’on ne peut définir et qui dépasse notre entendement qui attire ma curiosité” résume sur son site web la photographe rouennaise, vivant désormais à Lyon. Une curiosité qui fait naître des compositions délicatement mystérieuses dans des lieux familiers, des scènes intemporelles faits d’une “forme de douceur sourde et étrange”. Une sensation partagée avant de refermer le livre qui se clôture par une dernière page permettant de décrocher un tirage signé, délicat, comme pour nous laisser à nous aussi une trace, une “empreinte silencieuse”.

 

Les oeuvres de Camille Brasselet sont disponibles sur la plateforme et galerie en ligne Artistics.

 

Camille Brasselet – The Sound Of Silence
Publié en 2021 par les Editions Bessard, Paris
Collection Bespoke n°18
Edition limitée à 250 copies
Chaque exemplaire est numéroté et accompagné d’un tirage signé
Typographie et Design : Thibault Geffroy

www.camillebrasselet.com/edition

 

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android