L’exposition s’intitule Eden Eden. Les images sont de Rachel Krief et Richard Darmon, deux photographes passionnés du paradis. Elle vient du théâtre et du cinéma, lui de de la littérature.
Quand nous avons décidé de travailler sur cette thématique de l’Eden, il nous a semblé juste de préserver la dimension indicible de ce mythe en évitant d’une part la simple représentation et d’autre part une narration qui seraient fidèle avec le récit biblique. Comment faire autrement d’ailleurs ? De fait, certaines de nos images sont un écho au tournoiement du Tohu-Bohu. Adom 1 et 2 et Cosmogonie 1 et 2 est un lointain reflet dans une flaque d’eau du surgissement du monde, vision subjective et insaisissable, tel qu’elle nous apparaît désormais, à l’instar du mythe de la caverne de Platon. La perception du palmier, comme dans un mirage, est un écho de ce l’arbre du Jardin. La jeune fille évanescente représente la première Eve, la deuxième femme nue sur un lit de torpeur, près d’un livre intitulé Judas, est une représentation de l’humanité après la faute. Les autres nus, de dos, évitent une nudité complète qui a pris conscience d’elle-même. L’oeil accompagne la femme en lui rendant sa pudeur. Il nous était essentiel de rendre compte à notre manière de ce que suscite chez nous ce paradis perdu dans le flamboiement des couleurs et le flou d’avant la faute. Paradoxe des paradoxe, l’expulsion du jardin édénique entraîna l’accès à la connaissance et à la civilisation. Le regard de l’homme se décilla, la beauté apparaît moins flamboyante, elle subsiste cependant à travers le labeur de l’homme et des animaux qu’il domine. Les néons de la cité fascinent mais Babel reste une illusion où quelque chose s’est perdu.
Rachel Krief et Richard Darmon, Eden Eden
Du 29 janvier au 10 février 2018
Galerie Maître Albert
6, rue Maître Albert
75005 Paris
France
