La galerie East Wing, à Dubai, présente Surveillance.02, qui rassemble des œuvres d’artistes interdisciplinaires dont les pratiques incorporent l’appareil photo, le satellite et le drone pour questionner la surveillance d’entreprise et d’état ainsi que la production d’énergie. Alimentés par la curiosité, la colère et l’humour, ils luttent contre le côté humain de la guerre basée sur la terreur, exposant la blessure permanente que l’humanité inflige à l’environnement, et collaborant avec les systèmes étatiques de pouvoir et contrôle. Au centre des tensions et anxiétés qu’ils explorent, on trouve les enchevêtrements du confort et de l’intimité, de l’individu et du collectif, de la liberté et de la sécurité.
Les artistes exposés sont : Adam Broomberg et Oliver Chanarin, Edmund Clark, Massimo Berruti, Jenny Odell, Yann Mingard, Tomas van Houtryve, Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon.
C’est la deuxième exposition de la série en cours Surveillance dont je suis le commissaire avec Liza Faktor, toutes deux basées à New York. Nous l’avons commencée en avril 2014 avec Surveillance.01-USA au Made In NY Media Center, à New York.
La surveillance en tant que sujet est fugitive — opaque, dominée par le jargon et, par nature, insaisissable et virtuelle. Bien que sa moralité soit consensuelle, elle suscite un flot constant de crises et d’anxiétés sociales, politiques et environnementales. Nous avons eu besoin de mieux comprendre cela nous-mêmes et ressenti la nécessité d’amener les gens à en parler pour qu’elle prenne un sens pour d’autres que les experts et les politiciens.
Dans cette exposition, la beauté, l’élégance et l’étrangeté de l’imagerie viennent d’une curiosité particulière qui anime les artistes. Nous aimons le fait que de vrais gens produisent cet art, et le fait qu’ils se placent tranquillement, mais directement, sur l’échiquier de la géopolitique, de la sécurité nationale, de la domination importune d’Internet, des neuf yeux qui voient tout de Google, de la notion fluide d’intimité. Ils essaient d’extraire une cohérence de ce qui est physiquement et éthiquement invisible et lointain. S’il y a de la joie dans cette exposition, elle vient de l’examen approfondi de systèmes de pouvoir et contrôle, quel que soit le drapeau affiché.
Le moment de l’exposition Surveillance.02 est également intéressant, parce qu’il coïncide avec la semaine d’ouverture d’Art Dubai, importante foire artistique au Moyen-Orient. Au cours des trois ans d’existence d’East Wing, son directeur, Elie Domit, et son fondateur, Abdula bin Ali Al-Thani, se sont montrés infatigables dans leur désir de cultiver et d’exposer des médias innovants, fondés sur l’objectif, du monde entier dans les Emirats arabes unis. Surveillance.02 est la première exposition abordant ce sujet dans les EAU.
Parmi les surprises de l’exposition, citons une nouvelle œuvre d’Edmund Clark. Dulce et Decorum Est: Virtue Unmann’d est une installation vidéo qui explore des traditions de la vertu et du sacrifice dans le contexte d’attaques des drones dans les zones tribales du Pakistan.
Autre surprise : la projection du film de Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon, World Brain, le 24 mars. A la fois un film et un essai, World Brain entraîner le spectateur dans un voyage à l’intérieur des lieux physiques où transite l’Internet : câbles sous-marins, centres de données et satellites. La projection donnera au public une autre porte d’entrée sur les sujets soulevés par cette exposition.
Anne Van Lenten.
https://vimeo.com/116858911
EXPOSITION
Surveillance.02
Jusqu’au 30 avril 2015
Projection de World Brain le 24 mars à 19 h
East Wing
12 Limestone House, Ritz Carlton Annex
Dubai International Financial Centre, Dubai
Emirats arabes unis
Tél. : +971 50 553 3879
[email protected]
Ouvert du samedi au jeudi de 10 h à 15 h et de 17 h à 20 h
