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Douglas Ljungkvist

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Ce projet est une étude d’un site unique au sein du paysage américain, qui comble mes goûts et mon sens du style et de l’ordre.

Certains diraient que les cottages d’Ocean Beach (dans le New Jersey), ne sont rien de plus que des mobile-homes surdimensionnés. Alignés par trois selon un quadrillage symétrique, et suivant une nomenclature institutionnelle sonnant comme un ode à la démocratie — Unité I, II, III —, ils atteignent un total de 2 000 unités. Les rues, toujours recouvertes de sable du côté des unités III, ajoutent au caractère clairsemé et typique de l’endroit.

Faire des photos ici hors saison me permet de décontextualiser les cottages de l’idée de vacances. D’un point de vue formel, j’étudie les couleurs, les formes et les relations spatiales. Ici les couleurs aident à créer une individualité au sein de l’uniformité dans l’architecture du lieu. J’ai temporairement « emprunté » les intérieurs de certains de ces cottages pour créer des auto-portraits fragmentaires en utilisant des objets trouvés ou personnels. Cela m’a permis d’explorer les questions de temps, de mémoire et d’identité qui sous-tendent ce projet.
Les intérieurs, très peu décorés, créent une forme d’abstraction temporelle et donnent peu d’indices sur l’identité des propriétaires. Les chambres, fonctionnelles et de taille réduite, hésitent à la frontière entre l’intime et le claustrophobique.

En tant que photographe, je m’intéresse aux cottages arborant encore des signes d’une époque passée où les lambris de bois, les couleurs vives, et les décorations kitsch étaient la norme. J’ai toujours pensé que la préservation visuelle des cottages était une course contre la montre — ceux-ci étant rénovés et modernisés à un rythme effréné pour attirer d’éventuels nouveaux vacanciers sur un marché locatif très compétitif.

Malheureusement, Ocean Beach fut l’un des endroits les plus touchés quand l’ouragan Sandy a touché la côte fin octobre 2012. 90 % des cottages du côté des unités III bordant l’océan furent détruits et ont été démolis depuis. Bien d’autres furent détruits de l’intérieur par les eaux stagnantes qui résultèrent du déchaînement de l’océan. Comme le projet avait été terminé avant le passage de l’ouragan, mon premier instinct fut de me dire que je ne souhaitais pas documenter le paysage après son passage. Ne pas pouvoir y accéder pendant deux mois me donna le temps nécessaire pour changer mon état d’esprit et mieux saisir l’importance historique de ce phénomène.

C’en était fini du processus de travail paisible et solitaire que j’en étais venu à apprécier. Maintenant, l’endroit était animé par les visites des propriétaires et des curieux, les patrouilles de police, le ballet des entreprises de construction et de démolition. Envolée également  la sensation que le temps s’était arrêté à Ocean Beach. J’imagine que c’est vrai, rien ne dure pour toujours !


Douglas Ljungkvist
 

LIVRE
Ocean Beach
Photographies de Douglas Ljungkvist
Textes d’Harvey Benge et Steve Bisson
Kehrer Verlag
108 pages, 92 photographies couleur
Anglais
ISBN 978-3-86828-403-4 
29,90 €

http://www.douglasljungkvist.com 
http://www.kehrerverlag.com

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