En 2015, Dougie Wallace fait polémique au sein des États Arabes : il a osé diriger son objectif sur la rapacité manifestée par leurs citoyens dans les rues de Knightsbridge. Développement inattendu, une princesse saoudienne l’invite en mars 2016 à exposer cette série, intitulée « Harrodsburg », à Djeddah, port de la mer Rouge. Son nouveau projet, « Lifting the veil » (quand on soulève le voile), est né de ce voyage.
La prolifération d’images photographiques d’êtres humains, et surtout de celles que l’on utilise à des fins publicitaires en occident, fait grincer des dents chez les Islamistes et surtout les Wahhabites, ultraconservateurs et adeptes d’une forme extrême de la pratique religieuse.
Dougie Wallace soulève le voile sur ce conflit d’intérêts, avec cette série fascinante et téméraire, réalisée subrepticement dans les centres commerciaux de Djeddah. Il nous livre un aperçu des codes culturels stricts qui gouvernent cette cité pourtant considérée comme plus libérale et cosmopolite que sa voisine, Riyad.
Une femme ne peut se montrer en public que dissimulée sous des sacs informes et noirs qui ne laissent voir que le visage, les pieds et les mains. Une mèche de cheveux qui s’échappe, une jambe en jean qui se révèle, et c’est l’intervention de la muttawa, la police religieuse ou « Comité pour le commandement de la vertu et la répression du vice ».
Les images de Dougie Wallace dressent le portrait d’un monde étrange, où les visages des femmes sont gommés et leurs pieds pixélisés. Si en revanche, ceux des hommes et des enfants peuvent se retrouver placardés sur les affiches ou dans les magasins, tous les mannequins sont privés de tête, quelque soit leur genre. Car la représentation du corps en entier est interdite, pour éviter l’incitation à l’idolâtrie. La même logique permet d’exhiber, à travers tous les centres commerciaux de Djeddah, des figurines aux mamelons mutins, ornées de lingerie lascive et d’ensembles qui n’ont pu être conçus que pour les siestes les plus coquines.