Remarquée pour son travail sur l’intimité photographique en milieu carcéral, la photographe Dorothy-Shoes développe une œuvre exigeante et socialement engagée que fonde une constante réflexion sur la notion de mise en scène. Originellement comédienne et femme de théâtre, elle puise dans ses premières passions les prolégomènes à une esthétique méticuleusement élaborée dans ses dispositifs et d’une totale liberté formelle.
ColèresS planquées, sa dernière série, est née d’une circonstance particulière: en 2012, alors qu’elle aborde ses trente-trois ans, Dorothy-Shoes apprend qu’elle est atteinte de sclérose en plaques. « À l’annonce de ma maladie, j’ai tout de suite su qu’il fallait transformer cette donnée des plus inquiétantes en matériau de création », explique t-elle. À la manière d’un journal, elle entreprend alors de transcrire photographiquement les peurs et les symptômes qu’engendre cette maladie peu connue du grand public.
Pour réaliser ces sortes « d’autoportraits distancés », Dorothy-Shoes fait appel à des femmes, proches ou éloignées, auxquelles elle propose d’interpréter les scénarios qui lui sont inspirés par l’écoute attentive et inquiète de son propre corps. On comprend à cet énoncé qu’à travers la cinquantaine de photographies l’ouvrage revêt un caractère unique et précis qui vise – peut- être – à conjurer la peur mais qui, plus essentiellement, contribue à lancer une ode à la vie et à tisser les fils d’une altérité en actes. ColèresS planquées est l’anagramme de sclérose en plaques.
Dorothy-Shoes, ColèresS Planquées
Publié par Actes Sud
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