Tatyana Franck, 31 ans, directrice du Musée de l’Elysée de Lausanne depuis le printemps dernier, a de l’ambition. « Nous voulons devenir la première institution de la photographie au monde », a-t-elle répété lors de la présentation de son futur musée ces jours derniers dans le chef-lieu du canton de Vaud, en Suisse romande.
Ou plutôt double musée. Le canton est sur le point de transformer une friche industrielle de deux hectares au centre de Lausanne, à proximité de la gare principale, en quartier des arts. Ce pôle muséal, comme il est pour l’heure appelé, comprendra deux bâtiments principaux. L’un, reprenant la structure longiligne d’une ancienne halle aux locomotives, abritera le Musée cantonal des beaux-arts. L’autre, un parallélépipède de béton blanc, abritera deux musées : le Mudac (design et arts appliqués) sur le plateau supérieur, le Musée de l’Elysée sur le plateau inférieur. Les trois institutions devraient être opérationnelles à l’horizon 2020. Le coût total de ce cluster des arts devrait être de 165 millions d’euros.
Le Mudac et l’Elysée pourront ainsi doubler leurs actuelles surfaces d’exposition, pour atteindre chacun environ 1500 m2. Le second triplera ses capacités de stockage et de travail. Il sera enfin doté d’un outil muséal contemporain. Le Musée de l’Elysée est logé depuis 30 ans dans une maison patricienne du XVIIIème siècle.
Le musée du design sera baigné par une lumière zénithale. Le musée de la photographie sera disposé à l’étage inférieur, sans lumière directe, mais avec l’appoint de puits de lumière. La lumière a été le critère déterminant du choix de l’emplacement du Mudac et de l’Elysée. « La photographie craint la lumière naturelle », ont justifié les autorités, ainsi que les architectes portugais du bureau Aires Mateus, lauréats d’un concours international supervisé par David Chipperfield et Kengo Kuma.
Entre les deux plateaux, sur un niveau ouvert qui facilitera la circulation des piétons sur la place, les deux musées partageront leur billetterie, librairie, documentation ou cafétéria. L’enveloppe a été pensée pour faire entrer en résonance le design et la photo, au gré par exemple d’expositions aux thèmes communs. Une volonté de synergie qui s’étendra aux beaux-arts voisins.
Reste à voir si le Musée de l’Elysée, l’une des places fortes de la photographie en Europe, ne perdra pas une part de son identité dans cette alliance contrainte par la rationalisation de l’espace disponible. Celui-ci est une bande de 22 000 m2 coincée entre la gare et des axes de circulation urbaine. Mais le lieu offre l’avantage décisif de la centralité et de l’accessibilité, en particulier depuis la gare CFF. Des projections tablent sur 250 000 visiteurs annuels dès 2020.
Luc Debraine
Informations pratiques
http://www.elysee.ch
http://www.polemuseal.ch