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Depara night & day in Kinshasa

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Les 150 photographies immortalisent les folles nuits des bars-dancings de Léopoldville (future Kinshasa) au moment où le pays va acquérir son indépendance. Chacun vit ces instants où enfin la modernité du monde est accessible, sans soucis de « Blanc ou de Noir ». À Kinshasa, cela passe par l’« American way of life », ses voitures et la mode des Bills en tenue de cow-boy, la guitare électrique, le saxo et des musiques qui emmènent le merengue, le cha cha cha et surtout la rumba dans une folle danse connue mondialement désormais comme « la musique zaïroise ». Les bandes de jeunes Kinois ont chacune un style vestimentaire et leurs muses féminines, fréquentent les innombrables bars-dancings, soutenant un groupe musical, ici l’« OK Jazz » autour de Franco, là l’« African Jazz » de Joseph Kabasele. Les athlètes, fiers de leurs corps, paradent devant leurs admiratrices à la piscine du Complexe sportif de la Funa. C’est le décor et la vie que nous fait partager le photographe Depara dans chacune de ses images.

Jean Depara rejoint en 1951 la capitale du Congo-Belge, Léopoldville (futur Kinshasa) et vit de divers métiers : cordonnier à l’usine Bata, réparateur de montres et d’appareils photo… Depara est aussi photographe avec son appareil Adox 6×6.

De jour comme de nuit, de 1954 à 1975, Depara photographie l’ambiance des bars-dancings et des clubs mais aussi les athlètes et les bandes de jeunes sapeurs. La mégapole est alors la ville d’Afrique d’où la musique se propage à travers le continent et le reste du monde. C’est l’ami de tous les musiciens et plus particulièrement de Franco, futur maestro de la rumba zaïroise, qui lui demande en 1954 d’être son photographe officiel. C’est le décor et la vie que nous fait partager le photographe Depara dans chacune de ses images. Il court dans ces univers dont il est lui-même l’un des animateurs : avec son appareil, il est là au même titre que les filles, les amoureux épris, les musiciens, les barmaids affriolantes du Kongo Bar ou de l’Opika, du Champs-Elysées ou de La Péruche Bleue.

En 1956, Depara ouvre un studio qu’il nomme avec humour le “Jean Whisekys Depara”, moins pour répondre aux demandes que pour « finaliser » certaines opérations de séduction. Il le fermera en 1966 tant sa vie, son plaisir de photographier passent par l’extérieur avec ses amis, ses copains et ses conquêtes. À cette époque, il vit confortablement, avec voiture décapotable et villa.

Dans les années 1970, les temps deviennent plus difficiles. Depara n’aime pas la couleur qui « fait des images sans relief », dit-il. Il n’aime pas les laboratoires photos automatiques qui ont envahi la place avec des prix de plus en plus bas. Et le dilettante qu’est Depara refuse ce combat commercial à la petite semaine. En 1975, période de « Zaïrianisation » du pays, beaucoup d’européens quittent le pays et libèrent des postes. Il devient alors photographe laborantin du Parlement. À 50 ans, une autre vie commence pour Depara. On peut parler de la fin de sa jeunesse : il met sa gentillesse au service du compagnonnage des photographes officiels. Quand Depara prend sa retraite en 1989, il abandonne la photographie.

En 1996, ses photographies sont publiées dans le magazine Revue Noire sur Kinshasa. Il décède une année après, laissant encore danser ses photographies.

Jean Loup Pivin & Pascal Martin Saint Leon

Jean Depara (de son vrai nom Jean Lemvu devenu Aboubacar Lemvu après sa conversion à l’islam) est né en 1928 à Kbokiolo (Angola)
, et décédé en 1997 à Kinshasa (R.D.Congo).

Depara, night and day in Kinshasa, 1951-1975
Jusqu’au 17 décembre 2011

Maison Revue Noire
8 rue Cels
75014 Paris
France
Tel : + 33 [0]1 43 20 28 14

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