Rechercher un article

Denise Colomb: –Ateliers d’artistes

Preview

Entre 1947 et la fin des années 60, Denise Colomb (1902-2004) réalise une série de portraits d’artistes dans leur atelier ou leur environnement proche. Au point de départ de ce travail se situe un portrait d’Antonin Artaud, après son retour de l’asile de Rodez où il a été interné plusieurs années. C’est par l’intermédiaire de son frère Pierre Loeb, directeur de la Galerie Pierre depuis 1924, par lequel elle rencontre Artaud, que Denise Colomb s’initie au monde de l’art. Dans cette galerie et dans celle de son autre frère Edouard Loeb, ouverte en 1953, elle côtoie peintres et sculpteurs. Sa vision est celle d’une photographe complice et amie. Elle saisit l’artiste dans son atelier, au milieu de son bric-à-brac, ou au contraire dans son espace dépouillé. Elle se méfie de la mise en scène. Elle cherche à capter l’homme dans son environnement de travail. La rencontre avec Nicolas de Staël est particulièrement marquante. Elle note : « ce fut a la fois un affrontement et une complicité ». Lorsqu’elle photographie un artiste, elle retient souvent un objet ou un attribut caractéristique. Le sculpteur César la reçoit dans son atelier, une usine désaffectée où il fond le métal. Elle le saisit, son casque de fondeur relevé au dessus de la tête. Elle s’explique sur sa démarche: « vous devez tout oublier, vous rendre disponible, réceptif, vide même afin de ne recevoir que des impressions authentiques ». On ne peut dissocier ce travail du reste de son oeuvre photographique. Qu’il s’agisse de portraits d’artistes, de reportages dont les plus anciens remontent aux années 1935-1937, de métiers, son regard est empli d’une intense émotion et d’un réalisme poétique, la situant proche des photographes humanistes. Au fil des années, elle crée des variations multiples sur l’artiste dans l’atelier. Il arrive aussi, mais cela est plus rare, qu’elle le capte en dehors de ce lieu. En 1950, c’est la première exposition d’ Alexandre Calder à la Galerie Maeght. Elle cadre de manière resserrée sur le sculpteur et l’un de ses mobiles. Un geste, une regard, une posture retiennent son attention : elle montre Germaine Richier regardant l’une de ses sculptures, ou Arp faisant le geste de caresser l’une de ses oeuvres. Un accident, un détail, l’attirent, elle en tire profit immédiatement. Surprenant le reflet du visage d’Agam dans l’une de ses sculptures miroir en forme d’étoile, elle en fixe l’image. Des liens d’amitié se tissent peu à peu entre la photographe et des artistes. Vieira da Silva est l’une de ses amies, elle est une fée, dit-elle et « la surimpression rend plus sensible le lieu où il se passe des choses ». Dans un ouvrage publié en 1984, et consacré aux portraits d’artistes durant les années 1950-60, Denise Colomb a rassemblé ses impressions, reflétant sa perception et ses choix de photographe.

E.C.

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android