Parcours de vues 80
Ce parcours à suivre, de vue en vue, montre moins un travail de photographe que la réalisation d’une passion renouvelée. Patience et plaisir ont donc été mes leitmotive durant ces 40 dernières années en photographie.
Je ne sais voir les moments photographiques qu’en noir et blanc. L’habitude sans doute depuis ma prime jeunesse de ne photographier qu’avec du film argentique monochrome. En effet, j’ai toujours développé mes négatifs noir et blanc et réalisé moi-même mes agrandissements sur papier photo. La maitrise de l’ensemble du processus de création passe incontestablement par ce travail d’artisan de la matière argentique fait des sels sensibles couchés dans la gélatine (le gélatino-bromure d’argent).
De ce fait, l’œil s’expérimente à toutes les étapes de la réalisation. De plus « La manière dont se répartissent dans la surface le blanc et le noir, le clair et le sombre, les contrastes et les passages nuancés deviennent absolument indissociables du ressenti du photographe. » (Héloïse Conesa – Noir & Blanc – Une esthétique de la photographie – BNF Édition.)
Pour moi, donc, les deux éléments privilégiés en photographie sont la prise de vue et le tirage finale¬ – avec toutefois, je l’avoue, leurs lots de déconvenues dus aux inévitables contrariétés de la réalité. Car, photographe, il faut accepter la règle exigeante qui s’impose d’emblée ; en effet, il y a des clichés que l’on voit et que l’on ne peut faire, que d’images qui soient en définitive satisfaisantes.
Par-delà ces contraintes techniques, il s’agit encore pour moi de réunir sur chaque cliché trois éléments distincts et, autant que possibles, indissociables :
– Ainsi, en premier lieu, mais cela va de soi : je veux disposer d’une certaine rigueur dans la composition de l’image photographique. Il faut un cadrage qui à la fois respecte certaines règles de composition et à la fois qui découpe une tranche du réel tout en suggérant, la plupart du temps, qu’un espace plus vaste contient cette dernière.
– En second lieu, il est nécessaire qu’un sujet principal s’impose : c’est le propos de l’image en question : De quoi parle-t-on ?
– Enfin, il est fondamental que la « clef de voûte » (la profondeur), en d’autres termes ce pourquoi je photographie, s’inscrive comme élément majeur du dialogue avec le sujet initial. C’est ainsi la mise en perspective effective ou suggérée qui devient l’attrait principal de toute photographie que j’affectionne.