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Denis Dailleux, portrait d’une banlieue, à Persan-Beaumont

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Provincial monté à Paris au début des années 1980 dans l’espoir de devenir photographe, Denis Dailleux a dû prendre un emploi pour gagner sa vie. La puissance intemporelle de ses photographies, alliée au texte engagé d’Abdellah Taïa (écrivain et cinéaste marocain d’expression française) avec qui il est retourné à Persan-Beaumont trente ans plus tard, font de ce livre une parution importante sur le sujet sensible des banlieues.

Réalisée à partir de 1987, cette série de portraits en noir et blanc commence par une rencontre dans le train : « C’est en rentrant de mon village où, durant l’été, j’avais photographié les habitants et ma grand-tante Juliette que j’ai fait la connaissance dans le train Corail des garçons de la cité Le Village de Persan, petite commune du Val-d’Oise », raconte le photographe. « Ils étaient une dizaine et avaient passé quelques jours de vacances aux Sables-d’Olonne. Ils déambulaient de wagon en wagon avec un radiocassette qui diffusait du rap sans que personne ne les interpelle. Je leur ai montré les images de Juliette et je me souviens qu’en les voyant ils ont dit Classe !. Et c’est à ce moment précis que je leur ai demandé s’ils étaient d’accord pour que j’aille les rencontrer dans leur cité. C’est Coco qui m’a donné son numéro de téléphone. À cette époque on parlait très peu des problèmes de banlieue mais ce n’est pas sans une petite appréhension qu’au début de l’automne 1987 je me suis enfin décidé à appeler Coco. Il m’a donné rendez-vous le dimanche suivant à la gare de Persan-Beaumont. Bientôt, j’ai su que je tenais quelque chose. Comme une révélation photographique qu’autorisait le lâcher prise des enfants face à mon objectif. »

L’immersion de Denis Dailleux à Persan va durer cinq ans. Les longues séances de poses qu’il mène avec les jeunes du quartier, malgré une situation déjà tendue, ne seraient sans doute plus possibles aujourd’hui sur ce territoire. Dans les années suivantes, l’importance des problèmes des cités a été reconnues et ils sont devenus le sujet de débats et de reportages. Pourtant, comme il l’écrit, ce n’est pas l’engagement politique qui est à la base de ce travail « Mais je dois reconnaître qu’à l’époque, bien plus que par conviction politique, j’étais venu faire ce travail pour sauver ma peau. »

 

Irène Attinger

Irène Attinger est responsable de la bibliothèque et de la librairie de la Maison européenne de la Photographie, à Paris.

 

Denis Dailleux, Persan-Beaumont
Publié par Le Bec en l’air
35€

www.becair.com

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