Au retour d’un an passé en Inde, Denis, soutenu par l’agence Rapho, propulsé sur le devant de la scène grâce au prestigieux Prix Niepce, réside à Paris et commence à vivre correctement de son métier : illustration, reportage, photographies d’architecture, portraits etc ………… Mais le « pavé parisien » comme il aime à dire ne lui convient pas. En février 1958, sur la simple phrase de Robert Doisneau à qui il demandait à ce sujet ce qu’il ferait à sa place, « je serais déjà parti », sa décision est prise. Quelques jours après Denis arrivait dans le Luberon, qui n’était pas encore « Le Luberon »
Il s’installe alors dans ce joli village de Bonnieux, vit dans un cabanon au confort sommaire : pas d’électricité, pas d’eau courante, mais la nature autour de lui, les pissenlits à portée du regard, bref ce dont il rêve depuis longtemps. Il trouve en outre auprès des gens du village un accueil, une bienveillance et une gentillesse extraordinaires qui vont l’aider à affronter cette grande solitude. Ses grands copains d’alors s’appellent Marcel, Abel, Arthur Bourgues, ancien huissier qui lisait le grec dans le texte , le boucher Béranger, Joseph Blovac – ferronnier , grand spécialiste de Jean Rostand, Danton, le plus grand chasseur de sangliers, Caporal le facteur auxiliaire et musicien, Emile Gardon, bûcheron et peintre naïf , puis un peu plus tard Julien Levy, Vadim Andreyev. De sacrés personnalités. Il fait leur portrait, posé ou non- cela dépend, et son seul regret aujourd’hui est de ne pas avoir assez consacré de temps à ses amis. Mais tout s’explique, ce n’était pas un travail, c’était le plaisir seulement de les photographier.
Solange Brihat