En 1975, ayant terminé mon premier ouvrage Figments avec l’aide de Minor White, qui m’a aidé à le finaliser et le mettre en forme, j’ai demandé à Nathan de rédiger une courte préface que voici :
Film muet… pantomime… geste… expression silencieuse… mime… mimétique… McLuhan, pour singer nos moi, devient réalité, de quoi, sinon de qui… le visage impassible, la main se meut lentement, sortant du cadre le doigt tendu – ne souriez pas, car vous risquez de fissurer le miroir, alors que Abe s’y trouve encore !
En quelques mots d’une finesse incisive, il avait réussi à forcer la porte ouvrant sur l’univers de ce livre, et à me lancer sur la quête photographique que je poursuis depuis la fin des années 1970. Nathan était capable d’aller au-delà de la surface, de saisir les strates suivantes et de les retranscrire. Ses propres œuvres photographiques, tout à fait uniques, amenaient toujours l’observateur à regarder plus loin, plus longtemps que pour des images plus habituelles. Nathan était un photographe doué d’un entendement d’une grande profondeur. Il utilisait ses yeux pour voir, mais toujours en lien avec un cerveau d’une complexité inouïe.
Une génération ne peut voir passer qu’un seul Nathan Lyons. Il a marqué bon nombre d’entre nous et nous manquera. La grande famille du monde de la photographie toute entière présente ses condoléances à Joan Lyons, son épouse dévouée et compagne en art. Nous perdons l’un des nôtres.
