Chers amis arlésiens,
Je suis très ému par la disparition de Jean-Maurice Rouquette que j’ai longuement cotoyé aux Rencontres de la photographie d’Arles et encore lorsque je l’ai filmé sur sa carrière à l’occasion de l’exposition de Lucien Clergue au Grand Palais en 2014.
Je l’aimais autant que je l’admirais pour tout ce qu’il a accompli sans jamais en rabattre sur l’humour et l’humanité.
Co-fondateur de la première collection de photo dans un musée en France, au Réattu d’Arles, convaincu que l’art contemporain devait entrer dans un musée de ville qu’on lui confiait en ruine très jeune après-guerre. Puis il co-fonda les Rencontres de la Photographie d’Arles en canalisant l’énergie de son ami et complice Lucien Clergue contre une forte présence des fêtes traditionnelles qui les voyait arriver comme des trublions.
Ce serait déjà beaucoup mais à la tête de tous les musées de la ville pendant plusieurs décennies, il inventa le magnifique et pédagogique musée d’archéologie, restaura les Arènes et de nombreux autres monuments du patrimoine arlésien.
Son truculent mélange d’antiquité et de contemporanéité m’a énormément appris. Il a été une rencontre déterminante de ma vie au delà du travail, sa confiance et son courage à des moments critiques ont été rares et précieux notamment face aux divagations du monde politique qu’il savait éphémère, vivant lui même entre les grecs, les débuts de la chrétienté et nos jours.
Il a su aussi transmettre à des équipes le développement de ces projets qui font d’Arles depuis longtemps une scène muséale exceptionelle. Son livre qu’il dirigera sur la ville d’Arles restera pour toujours un monument passionnant sur cette ville folle dense et attachante.
Le bloc qu’il formait avec sa famille face aux adversités de la vie était aussi très touchant.
François Hébel