Le photographe Raphaël Neal et l’écrivaine Alice Zeniter n’en sont pas à leur premier coup d’essai quand il s’agit que le premier mette en images les mots de l’autre. Raphaël Neal, jeune artiste français aux multiples facettes, a réalisé un long-métrage en 2014, Fever, adaptation d’un roman de Leslie Kaplan par la même Alice Zeniter. « Quand Fabienne Pavia (directrice de la maison d’édition Le Bec en l’air) m’a demandé de choisir un auteur, j’ai tout de suite pensé à Alice, avec qui nous avons un projet de scénario sur le sujet dont il est question dans le livre », raconte Raphaël Neal. Cette complicité existante s’est retrouvée naturellement pour réaliser un nouvel ouvrage de la collection Collatéral de la maison d’édition Le Bec en l’Air, collection qui fait dialoguer un écrivain contemporain et un photographe. La série “De qui aurais-je crainte” produite entre 2008 et 2011 met en scène un majestueux prêtre à la peau rouge vif dans une nature qui semble n’avoir jamais été foulée par l’homme. C’est cette série qui a inspiré à Alice Zeniter une histoire.
La présence des images au fil du livre se fait progressive, comme pour ne pas perturber la réalité brute et dure qui se met en place et dans laquelle évolue le personnage principal, une femme de ménage qui travaille la nuit dans des open spaces déserts. Raphaël Neal souhaitait qu’Alice Zeniter écrive un récit en dissonance avec ses images, une chronique sur la banalité ordinaire et la laideur du monde, quand lui propose une vision du monde et de l’homme très terrienne, archaïque, presque tribale où l’on viendrait chercher refuge. D’abord, ce ne sont que des détails ou des paysages vides qui arrivent au fur et à mesure de migraines et de visions de la femme de ménage avant que n’apparaisse sur la fin, très présent, l’homme rouge et hiératique qui habite ces grands espaces. Une réponse peut-être à la solitude qui se dégage de l’héroïne.
Sortie en librairie le 6 février 2015.
Lecture-projection-performance à la Maison de la poésie à Paris, le 12 février 2015