Les œuvres de David Ụzọchukwu dans New Suns représentent des figures noires au sein de paysages naturels étranges qui semblent être des rêves ou des mythes, allant de forêts carbonisées à des mers sombres comme la nuit et des déserts de couleur safran.
En plaçant uniquement des corps noirs dans ces environnements, Ụzọchukwu invite à réfléchir sur la marginalisation historique des personnes de couleur dans les récits sur le monde naturel. Dans l’imaginaire occidental, des territoires tels que « la frontière » et « la nature sauvage » ont été des sites d’exploration ou d’exploitation, des territoires vierges attendant d’être conquis par les colons et les aventuriers. Les Noirs, les personnes de couleur, les peuples autochtones existaient pour être soumis, asservis ou exterminés.
Ụzọchukwu n’aborde pas directement ces histoires mais suggère d’autres possibilités de vivre. Parfois, les visions qu’il évoque sont rhapsodiques, comme l’homme nu et lumineux flottant dans un ciel rose dans Celestial Body (2020). D’autres œuvres portent des suggestions d’apocalypse. Comme le couple saisi dans un moment de tendresse dans Honey (2022), leurs têtes inclinées ensemble tandis qu’ils se penchent pour s’embrasser, alors que derrière eux tout est catastrophe. La terre est noire et le ciel est nuageux, et ce qui ressemble à un jet de lave en fusion jaillit du sol. Peut-être est-ce une image de la fin du monde. Des pensées sur la crise climatique et son impact disproportionné sur les nations et les peuples du Sud global viennent à l’esprit. Mais cela pourrait tout aussi bien être un moment de renaissance. Un mythe de création en devenir, tout comme Tectonic Shift (2019) offre le spectacle édénique de deux amants s’embrassant sur un fond verdoyant, comme le premier couple à l’aube d’un nouveau monde.
Être Noir dans les photographies d’Ụzọchukwu, c’est être connecté à la nature à un niveau profond d’engagement et d’échange. C’est être l’héritier d’une planète vivante. Pendant des millénaires, les peuples de couleur à travers le monde ont conçu la Terre dans leurs mythes, leurs rêves et leurs prières comme un réseau d’espèces et de systèmes. Ils lui ont donné de nombreux noms, comme l’énumère la chercheuse Donna Haraway : « Naga, Gaia, Tangaroa (fils de Papa mythe Maori), Terra, Haniyasuhime, Femme Araignée, Pachamama, Oya, Gorgo, Raven, A’akuluujjusi, et bien d’autres encore. »
Dans les photographies d’Ụzọchukwu, nous apercevons encore d’autres modes de vie dans le monde et de vie avec le monde. D’autres scènes de l’être noir. D’autres fins et de nouveaux commencements.
David Ụzọchukwu : New Suns
Jusqu’au 11 janvier 2025
Galerie Gomis
Sablon
Rue Lebeau 25
1000 Bruxelles, Belgium
www.galeriegomis.com