David Sauveur, photojournaliste de l’Agence VU’, est de retour de Lybie où il a passé trois semaines avec les rebelles de Benghazi, d’Ajdabiya et de Ras Lamouf. Pour La Lettre, il raconte:
“Il était une fois la révolution… C’est l’histoire d’un peuple qui bascule dans la guerre, le moment où l’on choisit de prendre les armes pour défendre la liberté face au tyran. Ouvriers, étudiants, professeurs d’université, ingénieurs, pères de famille, chauffeurs de taxi: des gens comme vous et moi ont choisi de passer un cap sans retour et de se constituer en armée.
« Maintenant c’est lui ou nous! On sait que Kadhafi ne fera pas de quartier si on perd la bataille… »
Les insurgés de Libye savent qu’ils n’ont plus d’autre choix que celui du courage face à la violence d’une dictature sanguinaire prête à tirer sur le peuple, déjà coupable de la mort de milliers de civils. Une armée de volontaires apprends la guerre dans le désert au milieu de nulle part, le long d’une route qui longe la mer, et les raffineries de pétrole…
On monte des mitrailleuses lourdes à l’arrière des picks-ups, on apprends à utiliser une batterie anti-aérienne où à tirer un RPG, avec la maladresse dangereuse d’un débutant… Courage et désordre sont les débuts d’une révolution qui doit apprendre les armes.
Photojournaliste habitué aux chaos de l’histoire, j’ai fait le choix de donner une image des hommes qui doivent apprendre à vivre dans la guerre par nécessité, ému par la volonté d’un peuple uni face à la terreur, la foi et le courage de ceux qui choisissent la liberté.
La France a aujourd’hui choisi son camp. Voici des images de ceux que l’on défend. Il s’agit bien d’une affaire d’honneur, si nous sommes les démocraties que l’on prétend, prêtes à défendre des droits de l’homme, la liberté, l’égalité, la fraternité. Je souhaite aux insurgés libyens, ainsi qu’aux soldats qui se battent pour la liberté, tout le courage et la chance pour en finir avec la dictature, même si le destin des hommes doit s’écrire en lettres de sang.
David Sauveur/Agence VU’
