Dans son livre « Belsunce », le photographe marseillais David Deloustal ausculte sa ville au travers d’un long périple dans le quartier central de Belsunce. Loin des clichés habituels.
Pour autant, remarque, Gustavo Minas, préfacier du livre et figure connue de la photographe de rue, l’ouvrage explore moins une réalité objective qu’elle ne dévoile une succession de paysages intimes. « C’est de la photographie de rue, oui, mais de la photo de rue comme un miroir brisé. »
« Belsunce, écrit Gustavo Minas, est un quartier du centre de Marseille, mais quelle est l’importance de cette information lorsque l’on regarde le travail obsessionnel développé par David Deloustal tout au long de l’année 2023 dans cette partie de la ville ? Deloustal me parle avec des mots de la pauvreté et de la précarité de ce quartier de la plus ancienne ville de France, mais honnêtement, ce qui ressort de ses images, ce sont ses mondes intérieurs plutôt qu’une quelconque réalité objective.
David utilise la rue comme un miroir brisé. Ses personnages, ses visions floues, ses horizons tordus et ses textures sales nous offrent une plongée dans leur monde imaginaire et en nous-mêmes, et nous amènent à nous demander : dans quelle mesure cette anxiété capturée est-elle le résultat de l’environnement dans lequel ces personnages sont insérés ? Ou bien cette angoisse ne se trouve-t-elle que chez l’auteur ou chez le lecteur qui peut s’identifier à l’œuvre ?
Quelle que soit la réponse, il est difficile de ne pas se laisser emporter par cette invitation au vertige. Même de jour, l’ambiance des images de David suggère l’intrigue d’un film noir moderne. Ici, cette atmosphère sinistre se retrouve non seulement dans les personnages symboliques du genre, comme le détective et la femme fatale, mais aussi dans les enfants et même les animaux domestiques, qui semblent absorber et refléter ces lumières sombres.
Malgré cette « réalité » peu engageante, nous sommes attirés dans Belsunce par l’énergie et le dynamisme de ces images, et surtout par les regards des personnages, qui nous indiquent souvent ce qu’il faut chercher. La force de ces regards fait que nous nous sentons plus comme un promeneur dans ces rues que comme le spectateur d’un livre de photos.
Cette série vise avant tout à dépasser les attentes. Tout d’abord, l’œuvre brise l’attente commune d’un certain glamour associé à la région méditerranéenne de la France. En même temps, la série de Deloustal rejette également toute attente de rédemption, ce qui signifie que sa conclusion est aussi sombre et désespérée que son déroulement. »
David Deloustal est photographe à Marseille, auteur de deux livres : « Belsunce » qui parait en auto-édition, « Cars » à venir au printemps prochain.
Autodidacte, il a débuté la photographie en 2021. Il photographie en noir et blanc. Notamment influencé par Robert Franck, Anders Petersen, Krass Clement, Trent Parke, Michael Ackerman, Paulo Nozolino.
Présent sur les réseaux sociaux, on peut suivre son travail sur Flickr et Instagram (@david_deloustal).
Son prochain livre est en cours de conception. Il s’appellera « Crowds ».
David Deloustal : Belsunce
65 photos / 70 pp / 70€
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