En général, les Américains définissent qui vous êtes par ce que vous faites : votre profession. Lors d’une reunion entre amis, quelqu’un a demandé à ma femme ce qu’elle faisait. Ma femme a répondu « je suis une mère au foyer ». Les gens semblaient critiques et peu intéressés.
J’ai voulu comprendre celles qui jouent le rôle de la femme au foyer américaine et j’ai cherché un moyen de partager ce sujet par le biais de ma photographie.
J’ai défini ce terme, « femme au foyer », nostalgique et provocateur, comme une épouse (mariée ou séparée mais pas célibataire ou divorcée) qui travaille moins de 35 heures à l’extérieur de la maison et a des enfants. Je choisi d’utiliser l’expression « femme au foyer », car, presque toujours, elle évoque involontairement la notion culturelle d’une icône datée ou même un point de vue sentimental.
Je me suis engagé à photographier toutes celles que je rencontrerais. Ce projet a soulevé de nombreuses questions, certaines auxquelles je m’attendais, comme les défis auxquels les femmes sont confrontées en termes d’image de soi, et d’autres auxquelles je ne m’attendais pas : certains sujets se définissent comme « femmes entretenues » par peur de perdre leur assurance maladie.
Planifier s’est avéré un problème. Mes sujets prenaient leur travail au sérieux. Une visite de la belle-famille, une réparation de chauffe-eau, un jour de neige, un jour de maladie ou un certain nombre de tâches domestiques passaient avant ma séance de photographie. Je voulais une maison vide, car étant donné que le rôle est déjà défini par l’autre, le conjoint et les enfants n’ont pas besoin d’être présents ou représentés puisqu’ils sont déjà omniprésents.
Les sujets sont représentés dans leur propre environnement, portant leurs propres vêtements et entourés de leurs propres possessions. Je voulais les montrer comme « étant », tout simplement, et non pas dans l’action. Les images projettent un sens aigu de narration mais sans aucune conclusion ou direction manifeste. Le spectateur est invité à compléter les blancs de l’histoire en faisant appel à son propre passé et par conséquent une relation s’instaure avec le sujet.
Les collaborations avec mes sujets se passaient de manière indirecte et découlaient des échanges occasionnels avec eux et ce que je trouvais dans leurs maisons. Nous avons parlé du décor. Je leur ai montré les photos à mesure que je les prenais pour poursuivre la discussion.
J’ai approché un bon nombre d’hommes pour ce projet car malgré son titre, il n’a pas été défini par le sexe. Un seul homme a accepté en avouant ses craintes d’être perçu comme féminin – rien de moins qu’un sentiment de honte. Ceci souligne la nécessité de redéfinir ce rôle. Si une famille a la chance ou tout simplement choisi d’avoir un parent qui reste à la maison, c’est un choix honorable, en constante évolution et stimulant avec des conséquences énormes, non seulement pour les personnes les plus proches d’eux, mais pour le reste du monde.
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