L’agence Magnum, créée à Paris et New York en 1947, fête cette année ses soixante-dix ans. Le livre de Clara Bouveresse, Histoire de l’agence Magnum – L’art d’être photographe, publié par Flammarion, retrace l’évolution de cette célèbre coopérative. Nous publions en exclusivité quelques extraits de cette plongée dans les coulisses de l’agence, en trois épisodes.
Magnum vient également d’annoncer un partenariat inédit avec des investisseurs extérieurs, rompant avec le principe fondateur d’une coopérative contrôlée par ses seuls photographes. Les premières pages du livre reviennent sur cet esprit d’indépendance, qui marque les débuts de la coopérative. L’auteure Clara Bouveresse écrit ainsi :
« En 1947, au moment de la création de Magnum, les membres fondateurs sont déjà des photographes réputés. Robert Capa, d’origine hongroise, est l’auteur de célèbres images de la guerre d’Espagne et du débarquement en Normandie. Le Polonais David Seymour a lui aussi photographié la guerre d’Espagne pour le magazine communiste français Regards. L’Américain William Vandivert et l’Anglais George Rodger ont couvert la reconquête alliée pour Life. Le Français Henri Cartier-Bresson travaille également pour la presse, mais il s’est aussi taillé une réputation artistique avec des expositions à New York. Tous ont entre trente et quarante ans ; ils savent que leurs photos se vendent et qu’elles peuvent avoir une seconde vie, republiées pour commémorer un événement ou illustrer un livre.
Dans les agences classiques, les photographes bénéficient rarement de la postérité de leurs images. Une fois vendu à un magazine ou à un journal, le cliché ne leur appartient plus. La plupart du temps, ils ne récupèrent même pas leurs négatifs. Maria Eisner avait bien tenté, avec Alliance Photo, de mettre en place un système de numérotation des images pour les conserver sur le long terme, mais Robert Capa, avec Magnum, veut aller plus loin : désormais, les photographes seront propriétaires de leurs images, défendront leur droit d’auteur et pourront bénéficier des fruits de leur travail, même des années après la prise de vues.
Magnum ne sera donc pas une agence “comme les autres”, mais une coopérative. Ses membres se définissent tout à la fois comme des “photographes-propriétaires-directeurs-vice-présidents, co-directeurs”, “co-partenaires, co-travailleurs”. Inspirés par la tradition marxiste, les travailleurs-photographes s’émancipent. Ils défendent leur indépendance, leur liberté, leur métier ».
Histoire de l’agence Magnum – L’art d’être photographe
Publié par Flammarion
35 €