Daniel Boudinet est né à Paris en 1945. Portraitiste d’acteurs et d’écrivains, il sillonne aussi Paris, sur lequel il publie son premier ouvrage, Bagdad-sur-Seine, chez Arthème Fayard (1973). Il voyage aussi en Algérie, en Asie et au Moyen-Orient, d’où il rapporte des images noir et blanc, mais surtout en couleur. Lorsqu’il débute sa carrière au début des années 1970, le noir et blanc est la norme. Rapidement, Daniel Boudinet va pratiquer la couleur, jusque-là plutôt réservée à une pratique familiale et amateur, ou à la photographie de reportage et d’illustration. Outre la diapositive restituée sous la forme de tirages Cibachromes, Boudinet pratique aussi beaucoup le Polaroid, et le célèbre essai de Roland Barthes, La Chambre claire (1980), s’ouvre sur une photographie de rideaux qu’il a réalisée avec ce procédé. Ce pionnier est l’un des premiers en Europe à revendiquer la couleur comme un moyen d’expression artistique à part entière. La ville et son architecture, sublimées par les lumières artificielles de la nuit, deviennent ses sujets de prédilection. Il renoue ainsi avec son premier métier de décorateur. Il développe cette approche avec talent dans plusieurs grandes capitales européennes (Paris, Rome, Berlin…), et à l’occasion d’autres voyages, comme à Pétra en Jordanie, en Thaïlande, en Chine ou encore en Inde. Sa grande compréhension de l’architecture et des jeux que celle-ci peut créer avec la lumière l’amène à travailler, dès 1982, entre autres pour Philippe Duboy, historien de l’architecture, produisant de remarquables prises de vue à la Tombe Brion de Carlo Scarpa près de Venise, pour l’Institut français d’architecture, pour la Caisse nationale des monuments historiques et des sites pour laquelle il photographie le Panthéon. Daniel Boudinet meurt en 1990. En 1991, sa famille donne à l’ Etat l’ensemble des archives du photographe.
Y.V.