Objets dans la cave de mon père
En 1988, mon père était en train de mourir d’un cancer. J’ai commencé à venir à St. Louis pendant les longs week-ends de mon travail d’enseignante pour être auprès d’eux. Après sa retraite, mon père avait déménagé la majeure partie de sa vie au sous-sol, où il avait établi une sorte de « bureau » dans la partie du sous-sol destinée à être un bar et avait agrandi la zone située derrière le bar, qui était devenue un atelier.
Le sous-sol est devenu son lieu de vie. À l’exception du temps où il mangeait et dormait à l’étage, il passait le reste de son temps au sous-sol. Il y avait une télévision, un bar et une collection de modèles et de souvenirs de ses années de modéliste et d’ingénieur pour McDonald Douglas.
Lors d’une de mes visites à la maison, j’étais assis dans le sous-sol avec mon père et ma mère est descendue, a fait un geste vers toutes les choses qui se trouvaient dans les deux pièces et a dit : « Qu’allez-vous faire de tout cela quand nous serons partis ? J’ai dit en plaisantant que j’allais tout coller et faire payer l’entrée. Mais je savais qu’une fois mon père parti, le sens de l’ordre et de la propreté de ma mère l’amènerait à nettoyer l’endroit, à jeter des choses et que ce ne serait plus pareil après cela.
J’ai donc pris un trépied et un appareil photo de studio 4×5 » et j’ai commencé à photographier les détails de cette cave pour m’en souvenir et aussi pour la commémorer. Ces photos ont fini par être connues sous le nom de « Objects in my Father’s Basement » (Objets du sous-sol de mon père). Elles ont fait l’objet de nombreuses expositions dans des galeries ou des musées et ont été reproduites dans des magazines, notamment dans le numéro du Chicago Tribune consacré à la fête des pères.
Les bonnes gens du Musée de la photographie contemporaine de Chicago m’ont demandé s’ils pouvaient avoir une série de ces images pour leur collection. Il s’avère que je ne suis pas un bon conservateur de mon propre travail et qu’au fil des années et des déménagements, la plupart des tirages vintage de cette série ont été détruits ou ont disparu. La seule collection complète se trouve donc au musée.
En retrouvant ces images en format web, je me suis rappelé à quel point le sous-sol et, par extension, mon père, avaient compté pour moi. Aujourd’hui, je considère ces images non seulement comme des documents sur un lieu, mais aussi comme le portrait d’un être cher. Mes parents sont tous deux décédés et la maison n’est plus là, mais ces images sont les portraits d’une époque et d’un lieu où nous étions tous ensemble.
