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Daiwa Foundation : Sayuri Ichida : Transiənt

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La photographe Sayuri Ichida présente «Transiənt» à la Daiwa Foundation de Londres.

Originaire de Fukuoka, situé sur l’île de Kyūshū au sud du Japon, la famille Ichida doit rejoindre le centre Nord du pays pour raison professionnelle. Plus tard, la jeune Sayuri se dirige alors vers des études de photographie au Tokyo visual arts college (2006) et, une fois diplômée, commence dans le métier comme assistante en studio. À peine vingtenaire et désirant étudier l’Anglais, elle s’installe à Londres en 2009 et apprend à photographier la mode. Trois ans après, c’est à New-York qu’elle exerce en tant que retoucheuse photo, toujours dans le milieu de la mode. Insatisfaite et ayant entamé des recherches personnelles sur l’identité, la temporalité de la vie et l’expérience du temps, elle s’éloigne de la photographie commerciale, et plus tard revient vivre en Angleterre où elle réside à nouveau maintenant.

Après un début de reconnaissance, le Japan Photo Award en 2016, de nombreuses expositions suivirent, au PHMuseum Lab de Bologne, le festival InCadaqués, le Breda Photo Festival ou sa présence à Paris Photo (et Art Paris) depuis trois ans, représentée par la galerie Ibasho d’Anvers, Transiənt est pourtant sa première expo personnelle à Londres, qui est proposée à la fondation Anglo-Japonaise Daiwa. Entretien.

 

Jean-Jacques Ader : Comment sont nés vos premiers travaux artistiques ?
Sayuri Ichida : Ma série Absentee a été crée pendant le confinement de 2020 à New-York, une période déprimante, surtout que j’avais déjà perdu ma mère. J’étais seule dans un petit appartement, mais j’ai tenu à sortir le soir pour photographier des usines et des bâtiments industriels de nuit, avec leurs lignes géométriques aigues. Aussi, pour contrebalancer cette rigueur j’ai utilisé mon corps comme modèle, pour ses lignes douces. Je n’avais jamais imaginé réaliser des autoportraits, mais mon corps était le seul à ma disposition. Ce projet m’a permis d’être créative et de traverser ce moment difficile.

La formalité et le rendu de vos images semblent en relation avec leur contenu
SI : En élaborant ce projet je n’avais pas de message en tête à transmettre ; et à la fin, j’ai réalisé que les formes et les lignes courbes de mon corps figuraient une représentation de l’état émotionnel que je ressentais à ce moment là, confrontées à celles, strictes et anxiogènes de buildings ou d’objets du quotidien. Comparé à mon travail plus récent, cette série est assez sombre ; les lignes droites et rigides des formes représentant mes peurs, et mon corps figurant l’expression de mes émotions.

Votre deuxième série « Ctrl shift+J » présentée aussi à la fondation Daiwa est plus graphique dans la forme.
SI : Oui, et c’est voulu. J’ai ajouté des lignes ou des signes graphiques aux images. Ce projet représente mon voyage vers le lieu auquel j’appartiens. Ma famille a dû beaucoup se déplacer au Japon quand j’étais enfant, de par le métier de mon père. J’ai grandi dans différentes régions du Nord-Est, alors que nous venions du Sud du pays. Ensuite, moi-même j’ai quitté le Japon pour Londres, puis je suis partie aux USA pour enfin revenir en Angleterre. Je ressens donc l’impression de ne pas être à ma place, et même en revenant à Fukuoka je n’avais pas le sentiment de revenir à la maison. Je dois toujours penser à renouveler mon visa de séjour maintenant.

Vos photographies sont parfois tirées en négatif, à côté de positifs, est-ce pour montrer le côté sombre des choses ?
SI : C’est plutôt pour montrer les deux côtés des choses ; le bon et le mauvais, le noir et le blanc, le froid et le chaud. J’essaie de jouer sur cette dualité dans mon travail, et les images en négatif sont un bon moyen pour le mettre en évidence, surtout pour Absentee où je voulais évoquer des ressentis opposés.

Un mot sur « Transiənt » (Transitoire) le nom de votre exposition à Londres ?
SI : Oui, je devais trouver un mot qui convienne pour les deux séries de photos, et le point commun étant sans doute dans le sens de ma vie, et l’éphémère de l’existence, ce mot de Transitoire correspondait bien aux deux séries d’images.

Considérez-vous votre monde intérieur comme un refuge ?
SI : Hum… je ne crois pas. Je le vois plutôt comme un promeneur, qui déambule sans vraiment trouver de destination. Ce sentiment intérieur est toujours présent en moi, quand je retourne au Japon je me sens étrangère dans mon propre pays. Pour travailler sur Ctrl shift+J j’ai utilisé des photos d’albums de famille, des images de buildings, des paysages, mon propre corps ; c’est un véritable assemblage de tout ça que j’ai pratiqué pour tenter de construire mon cheminement personnel.

Jean-Jacques Ader

 

Sayuri Ichida : Transiənt
du 29 Janvier au 7 Mars 2025, entrée libre.
Daiwa Anglo-Japanese Foundation
13-14 Cornwall Terrace Mews, Outer Cir,
Londres NW1 4QP, Royaume-Uni
https://dajf.org.uk/

Publication du livre Absentee chez The(M)éditions (Paris)
https://themeditions.com/

https://www.sayuriichida.com/

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