Nous avons connu leurs démarches inimitables et leurs barrissements puissants sur le vaste territoire du continent africain, là où la race humaine vit le jour. Mais ces dernières années, le trafic odieux a repris, le marché de l’ivoire a de nouveau explosé, et cette fois-ci, l’existence même de l’éléphant est en danger. Les horreurs du commerce de l’ivoire menacent les derniers survivants de l’espèce à très courte échéance. Cette perte, si elle avait lieu, renverserait l’ordre biologique de tout un continent. Beaucoup pensait qu’un terme avait été mis à ce trafic en 1989 quand les protestations mondiales et l’interdiction de la vente d’ivoire avaient porté un coup aux pratiques qui avaient conduit au massacre de 600000 éléphants dans le courant des années 80. Si l’éléphant en venait à s’abîmer dans les brumes du temps et de l’oubli, cette disparition plongerait une pointe de remords dans les cœurs de tous ceux qui honorent les vrais Babars de notre monde, et marquerait la chute des derniers mastodontes à avoir arpenter la terre ; plus encore, notre civilisation aurait alors dépassé une limite au-delà de laquelle notre propre place sur la planète commencerait à se désagréger, et l’humanité aurait à pleurer une perte incommensurable.
Cyril Christo
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