Curatorial a récemment présenté à Photo London le travail de Paul Outerbridge.
Les nouvelles photographies en couleur de Paul Outerbridge (1896-1958) de Californie et du Mexique vers 1950 marquent la découverte d’un ensemble d’œuvres puissantes et jusque-là inconnues de l’un des premiers maîtres américains de la photographie en couleur.
Outerbridge a construit son extraordinaire réputation en réalisant avec talent des tirages couleurs-carbro de nus et de natures mortes, principalement en studio, dans les années 1930. Ses nouvelles photographies en couleur de Californie et du Mexique de 1948 à 1955 marquent la découverte d’une œuvre puissante et jusque-là inconnue de l’un des premiers maîtres américains de la photographie en couleur.
À la fin des années 1940 et 1950, il emmène son appareil photo dans les rues, franchit la frontière entre la Californie et le Mexique et photographie les personnes et les lieux rencontrés. Travaillant en Kodachrome audacieux et lumineux, ses photographies explorent l’excentricité de la culture des loisirs des années 1950 et examinent le mélange de deux sociétés très proche à un moment distinct de l’histoire. Des gouverneurs aux gauchos, des dockers aux baigneuses, Outerbridge a capturé l’humanité, et parfois l’absurdité, des gens alors qu’ils se réunissaient lors de mariages, de fêtes au bord de la piscine et de spots photo. Aussi brillantes et innovantes aujourd’hui qu’à l’époque où elles ont été réalisées, ces images démontrent la maîtrise époustouflante d’Outerbridge dans le nouvel art de la photographie couleur.
Outerbridge a quitté New York dans les années 1940 pour s’installer dans la ville balnéaire de style méditerranéen de Laguna Beach, en Californie. Vivant là jusqu’à sa mort en 1958, Outerbridge a passé environ huit ans à travailler sur ce remarquable ensemble d’œuvres. Outerbridge est mort avant d’avoir pu imprimer la plupart des images. Néanmoins, son style caractéristique et son utilisation dramatique de la couleur ont anticipé le travail des photographes travaillant un quart de siècle plus tard, dont ceux de William Eggleston, Stephen Shore, Joel Sternfeld et Joel Meyerowitz, entre autres, qui se sont efforcés dans les années 1970 de développer une approche similaire, avec un nouveau vocabulaire de couleurs audacieux.
Utilisant un appareil photo 35 mm plutôt que l’équipement grand format du studio, Outerbridge a capturé des images vives à la volée. Ses images ont été réalisées avec la même précision qui caractérisait son travail en studio dans les années 1930, mais appliquées au monde cinétique de la rue. Dans la tradition de photographes tels qu’Edward Weston, Paul Strand, Anton Bruehl et Henri Cartier-Bresson, qui ont tous fait d’importantes incursions photographiques au Mexique, Outerbridge s’est aventuré vers le sud dans sa Cadillac noire de 1949, fréquentant les villes portuaires le long de la péninsule de Baja Californie. L’une de ses étapes préférées était Mazatlán, sur la côte ouest du Mexique, où il a pris un plaisir particulier à arpenter l’architecture urbaine, à absorber et à documenter la topographie aux couleurs vives et les rues de la ville grouillantes de monde.
Parmi les scènes d’Outerbridge gravées sur film : des voitures de carnaval avec des passagers habillés à destination d’une grande fête ; un groupe d’hommes à la mode se détendant dans le hall d’un hôtel en plein air buvant des coca et de la bière pendant qu’un petit orchestre joue sous le soleil de l’après-midi ; une fille seule vêtue d’une robe vert citron et d’un pull blanc passant devant une station-service dont les détails peints en rouge ajoutent une touche vibrante à la scène. Outerbridge était parfaitement conscient que la beauté des objets du quotidien était également liée aux significations plus larges ancrées dans le paysage social.
Le travail de Paul Outerbridge en Californie et au Mexique entre 1948 et 1955 met en lumière un chaînon manquant dans l’histoire de la photographie : un corpus oublié de photographies qui comble le fossé entre la pratique moderne et contemporaine. La gestion visionnaire de la couleur par Outerbridge a confirmé qu’il connaissait instinctivement le pouvoir de la couleur et, heureusement pour nous, il a créé un ensemble étonnant de photographies pour le prouver.
