On their Blindness
Je suis devenu bénévole dans un centre de jour pour les gens qui commencent à devenir aveugles au moment où j’ai réalisé que (pour moi) devenir aveugle serait la pire chose qui pouvait possiblement arriver à quelqu’un. J’ai été fasciné, obsédé par eux, par leur courage (de tolérer leur vie sans avoir la chance de voir le monde) et leur fragilité. Ils subissent une perte si difficile et décident d’aller tout de même de l’avant : tous ont une façon différente de le faire, mais leur énergie a toujours été un formidable exemple pour moi. Leur cécité leur apparaît comme une violence dont ils ont souffert et qui a changé leur vie : ils ont perdu quelque chose, et de mon point de vue, gagné quelque chose d’autre, une nouvelle capacité subtile et profonde de comprendre le monde, d’aller en profondeur sous la surface des choses, des gens et des situations. C’est comme s’ils n’avaient plus besoin de voir à quoi les choses ressemblent au dehors quand ils peuvent sentir comment elles sont au dedans, ils vont droit au but parce qu’ils connaissent des raccourcis pour atteindre directement l’âme des choses.
Alessandro Treves
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