Chan-Hyo Bae est né en 1975 à Busan, en Corée-du-Sud. Après un diplôme de photographie obtenu à l’université Kyung-Sung de Busan en 2003, il quitte la Corée pour l’Angleterre. Diplômé en 2007 de la Slade School of Fine Art de Londres, il part travailler un an à Toronto, au Canada. Depuis, il expose régulièrement aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Asie.
Chan-Hyo Bae ne cesse d’interroger la complexité des relations entre l’Orient et l’Occident, exacerbée par l’impérialisme colonial. « Selon moi, l’orientalisme est né du préjugé culturel ethnocentriste et nombriliste des Occidentaux envers l’Asie, considérée comme un territoire conquis. Ces préjugés contre les Orientaux m’ont fait découvrir brutalement le chaos et l’aliénation de ma propre identité, désarroi que j’essaie de montrer dans mon œuvre. Cette réflexion est mon fil rouge, déjà très perceptible dans le choix des tableaux qui ont servi de référence à mon premier travail photographique. Je suis parti de l’observation de portraits qui soulignent la force et la supériorité de l’Angleterre, comme ceux du roi Henri VIII ou de la reine Elisabeth Ire. Ces portraits exécutés à l’huile sont un outil d’affirmation du pouvoir des monarques, à l’opposé des portraits asiatiques, réalisés à l’eau, dont se dégage une plus grande impression de douceur. Pour mes photographies, j’ai donc décidé d’utiliser le même langage que les peintres occidentaux d’autrefois, des couleurs contrastées et une composition affirmée.
Mon dernier travail sur les contes de fées décrit précisément ces préjugés culturels occidentaux. Pour ce faire, j’ai étudié et interprété les contes les plus représentatifs : Cendrillon, Blanche Neige, La Belle et la Bête… J’y ai retrouvé une organisation sociale à base de classes et, surtout, retenu le message tacite qui affirme que, pour être heureux, les faibles doivent suivre l’ordre instauré par les dominants. Ce qui va dans le sens de l’Histoire car les Occidentaux conquérants ont toujours renforcé leur pouvoir en instillant leurs idéologies sur les peuples conquis… »
Sylvie Rebbot, commissaire
Texte extrait du livre-catalogue « Photoquai » coédition Musée du Quai Branly- Actes-Sud