C’est par ces mots que Laurent Hazgui présente l’exposition Conflits gelés, chez PCP Photographie :
L’explosion du bloc soviétique a enfanté des confettis de territoires où la vie semble s’être arrêtée le 26 décembre 1991. Quatre
Etats séparatistes en « conflit gelé » selon la dénomination de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe) en charge de la résolution de ces conflits, ont connu la guerre à la déclaration de leur indépendance : la Transnistrie
(en Moldavie), l’Ossétie du sud (en Géorgie), l’Abkhazie (en Géorgie) et le Nagorno-Karabagh (Arménie/Azerbaïdjan).
Ces petits Etats de facto, pas plus grands que des départements français et non reconnus par la communauté internationale,
ont en commun d’entretenir la menace d’un conflit militaire — la guerre en Ossétie du sud d’août 2008 en atteste — et de dégager
une atmosphère où l’épithète “gelé” résonne, figeant tant les paysages que les mentalités et les hommes.
“Gelé” physiquement par les traces visibles de conflits armés et par la nature qui reprend ses droits sur l’homme ; “gelé” au
niveau de la subordination envers la Russie qui a remplacé l’URSS comme supra-autorité politique et économique ; “gelé” dans
les têtes avec la difficulté de créer des projets dans l’ombre projetée par un avenir incertain.
La notion du territoire est floue. Les attributs de l’État (institution, frontière, monnaie, drapeau…) ne trompent pas la sensation
de traverser des États fictifs dont le paraître est entretenu par le pouvoir politique. Peur d’une nouvelle guerre, corruption, trafic
illégal, forte consommation de drogue et d’alcool sont les corollaires de ces territoires plus proches du “far east” que de l’État
de droit.
Quelle est la vie quotidienne dans ces territoires dans les limbes ? La non-reconnaissance internationale, l’absence
d’infrastructure, une économie à plat, un chômage endémique, la difficulté, voire l’impossibilité de se déplacer ou la discrimination
des minorités empêchent d’envisager un avenir pour les populations.
À des degrés de visibilité divers, la Russie se sert (géo)stratégiquement de ces territoires pour garder sa sphère d’influence politique
et économique — comme au temps de l’URSS — sur plusieurs Etats ex-soviétiques (Moldavie, Ukraine, Géorgie, Arménie,
Vingt ans après la chute de l’URSS, les populations de ces territoires à “l’arrêt” et sous perfusion russe n’ont toujours pas tourné
la page…
EXPOSITION
Conflits gelés, de Laurent Hazgui
Jusqu’au 13 novembre 2014
PCP Photographie
258, rue de Marcadet
75018 Paris
Du lundi au vendredi (9h-19h)
Samedi (10h-14h)
www.laurenthazgui.com
http://www.photo-pcp.com