« Nous travaillons dans l’endroit le plus dangereux du monde, Mogadiscio ! » s’exclame le Docteur Habeb qui tient la seule clinique psychiatrique de Mogadiscio en Somalie. L’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) affirme qu’un Somalien sur trois souffrent de troubles mentaux. Dans les camps de personnes déplacées à travers le pays qui parsèment la région ou dans les rues dévastées de Mogadiscio, vit une génération de Somaliens qui n’a connu que la guerre, la famine, l’exil, et des pertes sans nombre. Il en résulte un traumatisme psychologique de masse.
La réponse la plus courante aux maladies mentales est la contention forcée. L’usage de chaînes dans les maisons – ou plus couramment dans les huttes ou au pied des arbres devant celles-ci – pour entraver un membre de la famille qui souffre de problèmes psychologiques est très répandu. C’est aussi une pratique tout à fait acceptée dans les quelques institutions spécialisées qui existent. L’OMS soutient que durant la dernière décennie, 90% des patients traités qu’elle a pu observer ont été soumis au moins une fois dans leur vie à la pratique de l’enchaînement. Celle-ci, conçue comme une médication alternative, ne fait pas que stigmatiser ceux qui en sont victimes mais leur cause également des blessures aux mains et aux jambes. Certains de ces patients enchaînés finissent par mettre fin à leurs jours. Les personnes sont en général entravées non seulement pendant leurs « crises aiguës » mais également le reste du temps.
Le photojournaliste Robin Hammond a traversé le Soudan, l’Ouganda, la Somalie, le Kenya, et la République Démocratique du Congo pour documenter le traitement accordé aux malades mentaux dans les régions faisant face à des crises graves. Il a l’intention de se rendre dans dix autres pays afin de terminer son projet sur la santé mentale en Afrique.
Condemned – Robin Hammond
Visa pour l’image – Perpignan
Soirée de projection au Campo Santo