Que dire d’un master d’art qui n’aurait pas déjà été dit mille fois ? Beaucoup de personnes se demandent pourquoi perdre du temps et de l’argent à passer un diplôme d’art.
Les années de master s’avèrent particulièrement convoitées. Ce sont les dernières pendant lesquelles l’artiste désireux d’obtenir son diplôme peut prendre le temps d’apprendre dans une salle de classe. Or, ce temps et cette concentration transforment un artiste. Il est rare que les étudiants et leur travail ne changent pas après cela. La promotion 2016 du Master Beaux-Arts de la Columbia University, ainsi que l’exposition des projets soutenus par les étudiants organisée au Fisher Landau Center de Long Island, dans l’état de New York, instaurent explicitement un nouveau modèle pour la communauté artistique.
La chimie photographique et la culture de l’objectif s’étendent à tous les arts. Jamais la possibilité de légitimer le médium photographique n’a été aussi forte. A l’heure où tout le monde est photographe, la photographie peut finalement commencer à briser les règles qui la régissent. Les photos sont tout simplement aussi sculpturales, picturales et graphiques que n’importe quel objet d’art moderne ou contemporain. Alors, pourquoi la photographie ne se mettrait t-elle pas à compléter les autres arts, à se mêler à eux ? Par sa littéralité, l’appareil photo s’avère un véritable tremplin.
La vision permise par l’objectif photographique trouve sa voie parmi les œuvres de la classe de Columbia ; elle est élusive, poétique, littérale mais permet aussi de rendre abstrait et de reconstruire. La photo a une drôle de manière d’échapper à la vérité : elle crée une fiction. Le mensonge est honnête après tout, puisque ces artistes l’inventent. Ils ne sont pas malhonnêtes. Simplement, la photographie n’a plus besoin de la réalité.
Les diplômés de la formation établissent des liens avec l’oeuvre et la communauté nées de ce master. Rachel Stern et Michael Stablein, Jr. – deux artistes diplômés participant à l’exposition – ont passé beaucoup de temps à discuter avec moi sur l’importance d’interroger ces relations, mais aussi de s’interroger eux-mêmes en tant qu’individus. Ces efforts sont la clé de la nature de l’imagerie visuelle et photographique. Quand on se promène dans Fisher Landau, il apparaît clairement que les œuvres sont très différentes les unes des autres, l’ensemble présentant une gamme et une étendue particulièrement larges, que viennent unir cette apparence de voyage personnel et l’appareil photo.
EXPOSITION
Columbia University’s Visual Arts MFA Thesis Exhibition
Dernier jour ! Jusqu’au 16 mai 2016
Commissariat par Omar López-Chahoud
Fisher Landau Center For Art
38-27 30th Street
Long Island City
New York
Etats-Unis
Ouvert du jeudi au lundi de 12h à 17h
http://arts.columbia.edu/visual-arts/2015/thesis-exhibition