Luis Carlos Tovar est né en 1979 à Bogotá, où il a étudié les arts visuels – avec une spécialisation en histoire et théorie de l’architecture – à l’université des Andes. Ses recherches se sont orientées progressivement vers le questionnement de la mémoire historique, à travers des installations in situ. Il a exposé à Bogotá, Buenos Aires et New York.
« Comment vivons-nous et comment nous approprions-nous le milieu dans lequel nous vivons ? Dans mon pays, la chaise en plastique Rimax est devenue une icône populaire. On la trouve partout : dans les maisons, les bars, les écoles, les entreprises, les églises, les mairies, les bordels et même chez le président de la République. Elle m’a servi de prétexte pour traverser la Colombie en marchant, exercice qui enrichit et redonne du sens à mon regard sur le territoire. Chaque endroit possède, en effet, une géographie particulière, la couleur du sable changeant avec ses habitants et ses coutumes. En suivant à la trace la chaise Rimax le long des côtes, j’ai réalisé des dessins et des empreintes sur la plage afin d’enregistrer sa présence.
La marche comme acte esthétique, le territoire comme témoin, la chaise comme prétexte. Tout comme il existe une anthropologie de la marche, il en existe une de l’assise. “La chaise n’est pas une idée fondamentale ou un concept cristallisé, c’est un point de départ pour négocier les sens”, disait l’artiste conceptuel Joseph Kosuth, créateur en 1965 de l’œuvre One and Three Chairs (une version de cette œuvre se trouve au Centre Pompidou à Paris, ndrl). Si j’ai reçu diverses influences, je citerais, concernant cette série, les peintres Jaime Arango et Santiago Cardenas, et la plasticienne Doris Salcedo. Ces trois artistes colombiens réfléchissent à la transformation et à la vulnérabilité de la matière dans le temps. La pratique de la photographie, qui, dans ma proposition, sert d’outil d’exploration du monde, a été accidentelle. Elle est née d’un besoin d’enregistrer la manière selon laquelle la lumière met en évidence le temps à travers l’espace. »
Françoise Huguier, commissaire
Texte extrait du livre-catalogue « Photoquai » coédition Musée du Quai Branly- Actes-Sud