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Collectif 1.61 – Qu’est ce que tu regardes ?

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Créé en septembre 2018, le collectif 1 :61, les jeunes historiens de l’art est porté par 8 étudiants de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Réunis par un goût commun pour la photographie contemporaine, les membres d’1 :61 veulent ouvrir une réflexion à partir de quelques œuvres de la scène artistique actuelle.

Le nom du collectif – 1 :61, les jeunes historiens de l’art – manifeste d’emblée l’identité du projet. Les membres de l’association sont plongés dans une génération du tout image à l’heure d’Instagram. Néanmoins, ils invitent ici les spectateurs à regarder les images plus d’1 minute, ce qui est rarement le cas devant la rapidité et le flot d’information visuelle des réseaux. Ils ne dénient pas leur appartenance à ces réseaux, mais les utilisent pour attirer l’attention sur un projet qui nécessite que l’on prenne son temps face aux images.

Pourquoi cette minute supplémentaire? Car elle permet de stimuler les interrogations et les interprétations. Le collectif en profite aussi pour détourner le nombre d’or – 1 :61 – et l’ériger en heure utopique.

Soutenu, entre autres, par la Sorbonne et la Maison des Initiatives Étudiantes, le collectif se revendique comme un groupe de jeunes commissaires indépendants et prône son appartenance au monde de la recherche universitaire en histoire de l’art.

Du 17 au 20 avril 2019, le collectif 1 :61 présente sa première exposition de photographies contemporaines à l’Espace Beaurepaire. À cette occasion, cinq photographes émergents sont à l’honneur : Elsa & Johanna, Guillaume Martial, Billie Thomassin, Paul Rousteau et Suzanne Mothes.

L’ambition majeure de l’événement est de montrer des œuvres à la fois étonnantes et intrigantes. Toutes les images exposées posent la question suivante aux spectateurs : Qu’est-ce que tu-regardes ? C’est ce fil conducteur qui réunit des artistes aux esthétiques distinctes et singulières.

Pour répondre à cette interrogation, le collectif a élu quatre grands thèmes traversant l’œuvre de chacun des artistes.
Le premier est la mise à mal des référents visuels, temporels et spatiaux face aux images. Regarde-t-on un objet ou un être ? Une image du passé ou du présent ? À ce trouble s’ajoute une réflexion sur la nature dévoyée, c’est-à-dire un questionnement sur le rapport des hommes à la nature, à son détournement ou à sa dégradation progressive.

Les corps deviennent aussi matières à réflexion, tantôt dotés d’une animation spectaculaire tantôt proches du caractère inanimé des objets.
Quelques photographies sélectionnées arborent enfin une forme de saturation, que ce soit par les couleurs ou par l’excès d’information, dont la conséquence est de perturber et de perdre le regard.

Le collectif a choisi de faire dialoguer toutes ces images à la manière d’un Atlas pour provoquer des rapprochements visuels inattendus.
L’idée est d’inviter un public averti et non averti à regarder autrement les images. Le collectif s’applique à travers cette exposition à présenter des œuvres photographiques comme autant de questions sur la réalité, la couleur et le regard.

 

Billie Tomassin

Photographe et vidéaste, Billie Thomassin sort diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2016. Elle compose des images qui jouent sans cesse sur l’hybridité des formes, des matières et des couleurs. Dans toute son œuvre, le corps humain est souvent un objet de réflexion, tantôt entier, disloqué ou caché, tantôt représenté par des attributs précis (chaussures, gants, cheveux). Billie Thomassin est repérée par la jeune scène artistique française comme en témoigne sa présence au Festival Circulation(s) en 2018 avec sa série « Le Quart d’Heure Américain ». Elle collabore aussi activement avec des magazines de mode – Jalouse, Please!, Solar Magazine – et des marques de renom telles YSL, Eres, Hermes ou encore Jean-Paul Gaultier. L’aspect sophistiqué et éminemment plurivoque de son travail attire le spectateur dans un doute visuel : comment l’image fonctionne-t-elle ? Que se passe-t-il ? Tant de questions qui ont motivé le collectif à retenir quelques-unes de ses images pour l’exposition.

Elsa & Johanna

Elsa Parra et Johanna Benaïnus forment un duo depuis leur rencontre à la School of Visual Arts of New York en 2014. Dès leur première série « A couple of them », elles dressent des mises en scène minutieuses et poétiques, qui leur permettent d’être rapidement présentes sur la scène photographique française. Après avoir été finalistes du Prix HSBC pour la photographie en 2016, elles participent au Festival Circulation(s) en 2017. Elles réalisent aussi des commissions par lesquelles elles se distinguent à plusieurs reprises. Elles remportent ainsi le second Prix Picto de la mode en 2017 et deviennent finalistes du Prix photographie du Festival de Hyères en 2019. Elles sont actuellement représentées par la Galerie La Forest Divonne. Elsa & Johanna, par leurs propositions à la fois théâtralisées et fictionnelles, répondent fortement au questionnement actuel d’1:61 sur le trouble du regard. Chaque détail, vêtement, objet ou personnage se situe dans une tension permanente entre évidence visuelle et bouleversement de l’ordinaire.

Guillaume Martial

Né en 1985, Guillaume Martial se consacre d’abord à des études supérieures de cinéma avant de débuter son œuvre photographique qui est aujourd’hui le pan de son travail le plus connu. Féru de films burlesques et ancien patineur artistique, il se met en scène et s’adonne régulièrement à des expérimentations physiques et spatiales. Il reçoit plusieurs distinctions, notamment en 2012 pour le concours SFR Jeunes Talents ou encore pour le Prix HSBC de la photographie en 2015. Il participe aussi à de nombreuses expositions privées et collectives en France et à l’étranger : L’œil de l’expert (Musée Nicéphore Niépce, 2016), Paysages Français (BnF, 2017)… Représenté par la Galerie Esther Woerdehoff, il est exposé à Paris Photo en 2017. La posture décalée et humoristique de Guillaume Martial rejoint en tous points le propos d’1:61 : l’artiste joue avec l’image et crée des situations absurdes qui déroutent le spectateur.

Paul Rousteau

Né en 1985, l’artiste Paul Rousteau étudie la photographie au Centre d’Enseignement Professionnel de Vevey (CEPV) en Suisse. Depuis, ses images dérèglent constamment la vison ordinaire de la réalité. Ses recherches chromatiques et expérimentales revêtent souvent une teinte picturale ou abstraite. Au-delà de sa visée sérieuse, il utilise aussi joyeusement des topos visuels : coucher de soleil, fruits, fleurs, enfants… qui restent dotés d’une surprenante poésie. Son esthétique à la fois charnelle et punk est prônée par des marques comme Agnès B et Dyptique. Il a également collaboré avec plusieurs magazines et réalisés des portraits (Patti Smith x Libération, Etienne Daho x Télérama…). Représenté par la Galerie du jour Agnès B, il est exposé à Paris Photo en 2016 et sélectionné parmi les finalistes du Festival de Hyères en 2017.

En maniant différents ressorts de l’image photographique avec finesse, Paul Rousseau perturbe le visible. De là, les membres du collectif ont tout de suite vu dans ses images une manière d’interroger le regard et l’imaginaire collectif.

Suzanne Mothes

Pendant longtemps, Suzanne Mothes développe une réflexion personnelle autour de la danse contemporaine. En parallèle, elle participe à la réalisation d’événements culturels et aux montages d’expositions tels que Cézanne en Provence (Musée Granet, 2006), C’est après des études en arts plastiques à l’École d’art de Poitiers qu’elle se découvre une certaine fascination pour les potentiels visuels de la photographie numérique. Elle entame alors des études de photographie à l’École d’art d’Aix-en-Provence et se consacre entièrement, depuis 2010, à différentes séries qui transforment avec lyrisme le quotidien. Elle travaille actuellement sur un projet collectif avec l’Atelier confirmé de l’Espace Saint-Cyprien dans le cadre du Festival de Photo MAP à Toulouse. Par ses visions déconcertantes, Suzanne Mothes transmue souvent matières, corps et objets en éléments flous ou abstraits. Du moins, ce sont dans ces images que le collectif a trouvé un très fort écho à son interrogation : Qu’est-ce que tu regardes ?

 

Qu’est-ce que tu regardes ?
17.04.2019 – 20.04.2019
Espace Beaurepaire
28, Rue Beaurepaire
75010 Paris

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