La Galerie Maeght expose les photographies de Clovis Prévost, mettant ainsi en lumière un homme qui vécut dans l’ombre de certains des plus grands artistes de l’art moderne et contemporain, dans l’intimité créatrice de Calder, Miro, Tàpies, Monory, Pol Bury, Dali etc … et de leurs visiteurs. Une aventure humaine et artistique qui doit beaucoup au hasard.
Clovis Prévost, étudiant en architecture, visite Barcelone et, bien entendu, photographie l’œuvre étonnante et inachevée du grand Gaudi, La Sagrada Familia. La poussière du temps donne à ses photos en noir et blanc ce qu’il appelle justement un aspect velouté. Fresque, plans larges ou détails sont autant d’images d’une beauté étrange qui ne pouvaient que séduire Salvador Dali. Celui-ci décida d’en faire un livre, La vision artistique et religieuse de Gaudi, photos de Clovis le jeune inconnu, texte de Robert Descharnes et préface de l’illustre « génie » de Cadaqués.
C’est en découvrant ce livre qu’Adrien Maeght, galeriste au flair infaillible, créateur d’une fondation à Saint Paul de Vence dont la collection privée est l’une des plus importante au monde, commande à Clovis un film. Celui-ci n’a jamais tenu une caméra de cinéma, mais il fait appel à deux copains et mène à bien le projet. Clovis était devenu le photographe et cinéaste officiel de la Fondation, début d’une longue aventure qui dure encore. Et cette exposition retrace en quelque sorte ce long et fructueux travail de témoin qui restitue la vie au quotidien de ces géants de l’art.
Mais Clovis Prévost, devenu leur ami, ne se limite pas simplement à un rôle de témoin passif. Ses images, essentiellement en noir et blanc, portraits, vues panoramiques des ateliers, photos des artistes au travail, concentrés, dénotent une complicité qui donne de l’intensité aux images. Et puis il y a cette passion pour l’Art Brut et notamment l’œuvre-testament du Facteur Cheval.
Ainsi, ce quasi inconnu, à travers ses documentaires et ses photographies au service de l’art et des plus grands artistes, aura-t-elle permis de conserver une mémoire, enthousiasmante, d’un pan entier de la création du XXème siècle… Et cette exposition sera aussi, pour beaucoup, la découverte d’un remarquable homme d’images.
Paul Alessandrini
52 photographies
Jusqu’au 17 mars
Galerie Maeght
42 rue Du Bac
75006 Paris
