UN MONDE DANS L’OBSCURITÉ
Dans cette suite photographique —influencée par le travail hybride de Barbara Kruger — chaque unité est composée d’un ou de deux personnages que j’interprète(nt). À ceux-ci ce joignent, sur la surface des images, dés énoncés verbaux —qui informent d’une autre façon— le spectateur sur les dimensions philosophique, conceptuelle et symbolique de certaines de mes convictions envers ce monde qui m’apparaît traversé par l’obscurité, c’est-à-dire par ce qui se joue socialement dans l’ombre de la marge où règne la misère humaine.
Conséquemment, mon approche de l’autoportrait est renouvelée. Elle dépasse l’intention de l’autoreprésentation car je soumets mon image au service des thèmes sociaux qui m’interpellent. Partant de là, je veux souligner l’influence de la photographie des mises en scène et des différentes personnifications de Cindy Sherman sur mon travail. Dans ce sens, ma présence sur les photos me semble plus proche du jeu de l’acteur car tout en restant celui que je suis, ma présence est complètement orientée en regard avec la représentation thématique sociologique que je veux exprimée.
Soit, le chaos ou la confusion; la pandémie associée au coronavirus, le symbole du masque; la dépersonnalisation collective des individus; l’augmentation significative de la pauvreté, de l’itinérance, de la violence et des problèmes de santé mentale; le machisme de la masculinité toxique envers les personnes LGBT+, et la réduction des rapports sociaux qui a un impact éprouvant sur la sexualité. entre autres.
Mon propos photographique sur la réalité actuelle est donc parcellaire et plutôt humaniste que politique, même si ces deux visions se rencontrent forcément. Je suis attristé par tous ces bouleversements que j’aborde. Malgré tout, je ne partage pas cette idée qu‘après l’obscurité apparaisse la lumière. Toutefois, ce dont je suis convaincu, c’est que la photographie me permet de ne pas sombrer et de garder la tête en dehors de l’eau.
Claude-Maurice Gagnon
