On pourrait croire que j’aime les commérages, on pourrait dire que j’aime mater les gens, et dans le fond c’est peut-être vrai tout ça mais ça ne s’arrête pas ici. Ayant grandi au Liban, habituée à l’espace confiné d’une voiture, étant la plus jeune de la famille, je n’avais droit qu’au siège du fond, à l’arrière, allez! Alors emménager à Paris m’a permis de circuler librement à pieds, où je veux, quand je veux, autant que je le peux, jusqu’à m’éclater jambes, pieds et cuisses. Il y a des jours où je m’ennuie, où je broie du noir et que j’ai seulement envie de m’évader. Alors je sors dans les rues et petit à petit, tout en regardant autour de moi, mes nuages s’évaporent, observer le monde me redonne du plaisir—je reprends goût à la vie, à ma vie, qui est celui d’être là, d’être témoin de la vie des autres. « Tu fais quoi dans la vie? » me dit-on. Sans rien dire, il m’arrive de pointer mon appareil enroulé à mon poignet. « Ah oui. Et tu photographies quoi? » Eh bien ça, et ça aussi.
Clara dans la rue est né dans cette ville: une collection de brèves de rue, fictives mais tirées du réel, illustrées par une photographie à laquelle j’ajoute une phrase survolée lors de mes randonnées quotidiennes. Je recrée une situation autre, où humour et ambigüité s’entremêlent à des moments passés inaperçus, presque banals.
Le projet est donc en cours, on peut en suivre la progression sur Instagram: https://www.instagram.com/
Il m’arrive de laisser trainer dans le bus, le metro, les parcs, tout lieu public, des petits tirages tamponnés avec le hashtag #claradanslarue, à portée de mains de tout inconnu. Le but? Ramener mes histoires à la rue et sortir de la virtualité que les réseaux sociaux ont crée.