Chuck Samuels vit et travaille à Montréal. New-York à travers la galerie ClampArt vient d’accueillir « Before the camera » qui fit scandale au Québec. L’artiste se scénarise de manière ironique et en remplaçant la figure du modèle féminin par son alter-ego masculin. Pour autant – même si la série peut s’y incliner – Chucks Samuels cultive moins la photographie gay qu’iconoclaste. Fidèle à douze photographies de nus féminins réalisées par des photographes très connus. Samuel propose à dessein une parodie criarde qui ouvre la critique du rôle joué par le modèle devant l’œil du photographe lambda.
Pour ses clichés acerbes et ironiques le photographe tire son inspiration autant dans le cinéma, la psychanalyse, l’histoire de l’art que dans la publicité, les médias et les cultures souterraines (queer entre autres). L’objectif est toujours le même : semer le trouble par des narrations équivoques et plurivoques en utilisant autant le noir et blanc que la couleur ou en jouant au besoin des hors champs ou des déformations de l’image.
Dans ces photos où règne un mouvement du scandale l’artiste pose la question du devenir de l’art, du « monstre » et de l’humanité tumultueuse à laquelle Socrate voulut mettre un terme en lui offrant une éternité : entendons le Bien, le Dieu en un prélude ou plutôt une pré-lourdeur monothéïque. Quoique souvent fustigées par les censeurs qui tapent fort là où l’on se demande parfois quel « mal » recèle de tels clichés. Les photographies de Samuels sont bien moins scandaleuses que celles qui se plaisent à caresser le « goût » de la majorité. Controversée, l’œuvre renverse de manière crue, perverse et drôle l’enfer et le paradis. Nous sommes confrontés à une nouvelle subjectivité dans un univers qui se remet en mouvement contre les attentes espérées. C’est jouissif.