Beyond Reckoning : ces images créées par Christopher Colville exhalent un état d’esprit complexe, induit par le désert qui les a vues naître. Elles reflètent une beauté faite de grâce et d’immensité, tout en incarnant une instabilité toute américaine. Ces photographies uniques résultent chacune d’une exposition incandescente et reprennent un certain nombre de préoccupations dominantes actuelles. L’artiste a récolté des cibles usagées sur des champs de tir souvent clandestins, et s’en est servi comme écrans ou modificateurs de lumière. Ce faisant, il introduit dans ses œuvres des traces violentes d’un passe-temps obsessionnel. Les cibles elles-mêmes témoignent de motivations complexes, évoquant un vaste éventail de sujets à la dimension affective marquée : cibles conventionnelles, photos de mariage, gabarits d’agresseurs et autres personnages douteux, contours de cadavres sur scènes de crime, silhouettes de coyotes… Il est instinctif pour un être humain de s’identifier à ces sujets qui suscitent un sentiment primitif, celui d’être soit le prédateur, soit la proie.
Christopher Colville réinvente le photogramme en lui imprimant une dimension violente, plaçant la cible sur le papier avec une mesure de poudre. Une fois allumée, celle-ci crée un négatif de la cible. Les trous percés par les balles exposent et brûlent le papier en-dessous. En outre, la chaleur transforme l’argent, créant une aura étrange, une atmosphère apocalyptique qui suggère la naissance de l’univers ou la fin des temps. Pour Christopher Colville, ce sont des « ombres lumineuses dont la clarté vient réfuter leur création brutale. Ces images se développent en réaction à ce paysage qui concentre l’histoire d’une sauvagerie exacerbée par notre période troublée ».
Passé maître dans l’art de manipuler ses matériaux explosifs, l’artiste est à même de créer des images qui imitent le paysage désertique nocturne. Les œuvres de sa série Dark Hours [heures obscures], qui semblent issues de longues expositions, évoquent les horizons d’univers nocturnes fantasmagoriques, imaginés au travers de l’association du feu et du papier, de la chimie et du talent. Avec cette ambiance de fin du monde, elles révèlent une finesse photographique extrême, avec une absence de grain et une variation de ton infinie. Elles nous rappellent à nos capacités de perception, illustrant le fait que, comme le dit Ralph Waldo Emerson, c’est l’œil qui crée l’horizon.
Christopher Colville présente ses œuvres de manière individuelle ou en groupes, leur taille variant de quelques centimètres à des formats 32 x 24 pouces et même plusieurs pieds, pour les installations les plus complexes.
Rick Wester
Rick Wester est un galleriste établit à New York, aux Etats-Unis.
Christopher Colville est représenté par l’Etherton Gallery de Tucson, en Arizona.