Depuis 25 ans, Christophe Laloi dirige le OFF devenu le festival bis. À la rentrée, le OFF inaugurera ses nouveaux locaux : l’ancienne école de la photographie ! Il raconte.
L’homme était assis sur les marches de l’ancienne Poste, place de la République à Arles. Il avait les traits tirés et l’air fatigué. Je savais qu’il était en sursis. Le cancer de la plèvre ne se guérit pas. Cet homme, nous lui devons tout. Il a vécu comme une flamme, il est mort taraudé par une question : que vont devenir mes photographies lorsque la maladie m’aura emporté. Depuis toujours, il portait dans son cœur la certitude de la mort, la peur d’être oublié. Son rêve, assister à la naissance d’une fondation portant son nom et abritant sa mémoire, ne verrait jamais le jour. Le destin est cruel. Pour l’homme qui a probablement changé celui de la ville d’Arles en créant les Rencontres de la Photographie avec une poignée de fantastiques illuminés, pour Lucien Clergue qui a donné sa vie pour faire en sorte que la photographie soit considérée à sa juste valeur, mieux qu’un art, un dialogue avec chacun d’entre nous, ancré dans les couches les plus profondes de la société, pour lui, pas de répit. Jusqu’au dernier souffle, il aura bataillé pour que vivent ses rêves. Assis sur les marches de l’ancienne Poste, l’homme ne m’écoutait pas, il n’écoutait que lui. Lorsque je lui dis que j’avais postulé pour être Directeur des Rencontres, son œil brilla. Evoquant les Rencontres, je lui parlais de lui. Il me dit que j’avais bien fait. C’est une manière d’affirmer à ses pairs l’endroit d’où l’on parle. Je savais que je n’avais aucune chance, mais, très attaché à la ville et à son festival, j’ai souhaité poser cette candidature dans le contexte du départ mouvementé de François Hébel. Elle m’a servie à voir plus loin. Plus tard, j’ai assisté à l’hommage funèbre en l’honneur de Lucien. C’était très beau, de justes paroles pour faire vivre quelques instants encore son engagement. Pendant que les orateurs évoquaient sa vie et ses talents, je pensais à cet homme, assis sur les marches devant l’ancienne Poste, à son courage, à sa solitude peut-être, à tout ce qu’il a emporté avec lui, et que nous ne saurons jamais. La vie est peu de chose, et nous sommes là pour continuer le chemin. Malgré tout.
S’il était une chose que je souhaite retenir de ces 24 années à arpenter le monde à la recherche de l’image magnifique, de la photographie qui vous déchire la rétine jusqu’à vous frapper d’une cécité salutaire, le silence enfin, la lumière apaisante du réel qui vient frapper à nos portes, ce serait la fatigue d’être toujours debout, coûte que coûte, contre vents et marées.
Qu’est-il de plus épuisant que de croire que l’on va être sauvé par une image, une seule, et de la chercher sans relâche. Le monde est pluriel, la vie faite de morceaux épars qui jamais ne s’assemblent, et pourtant, la nécessité d’une tentative d’assembler ce monde, de lui donner du sens ne m’a jamais quitté.
Voies Off est certainement né de mes appétits démesurés à connaître la réalité de l’autre, en envisagent sa manière d’articuler les éléments visuels, ou de les laisser s’entrechoquer pour donner du sens à ce qui, finalement, constitue nos vies. Ce chemin, je l’ai parcouru d’une traite, sans presque m’arrêter jusqu’à user mes nuits, user mon corps et mes pensées à la lumière de la petite boîte noire.
1977 a été une année spectaculaire, bien avant la naissance de ce projet de Festival Voies Off à Arles, bien avant la photographie. C’était l’année charnière où les Sex Pistols et leur culture punk ont explosé à la face du monde. Hurlant No future et mettant en scène cette révolte adolescente mais visionnaire, crachant sur les bourgeois, l’ordre établi, la tradition et le pouvoir, ils allaient bousculer la nation Outre-Manche et créer un électrochoc, jusqu’à friser l’irrespect envers Sa Majesté. Ce fût pour moi une révélation fondatrice. Je n’ai, depuis lors, jamais respecté l’ordre, sans en avoir auparavant accepté le bien-fondé.
Bien des années plus tard, alors que j’avais intégré l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie, je su que j’étais là pour remettre en question l’ordre du visible. De multiples manières, on m’appris à caler, décaler, juxtaposer ou contrarier les formes du réel, afin « d’en faire quelque chose ». Le projet photographique consiste bien à faire quelque chose avec le monde, raconter son histoire, assembler des évidences ou semer le trouble, évoquer la vie dans ce qu’elle a de plus brut ou de plus sensible. Cette heureuse période d’apprentissage m’a donné de solides bases pour appréhender la création contemporaine. J’étais prêt pour la grande aventure.
La force du collectif
Je me plais à le rappeler, le Festival Voies Off est né par hasard, alors que Christian Gattinoni, professeur de l’école, proposait aux étudiants de relancer le projet d’un festival alternatif pendant les Rencontres Photographiques d’Arles. Cette idée m’a immédiatement séduit. J’étais en troisième année, au cœur de l’hiver, et je préparais mon diplôme de fin d’études. Je levais la main, sans savoir que je m’engouffrais dans une aventure d’un bon quart de siècle.
La première équipe s’est constituée naturellement autour d’un groupe d’étudiants de la promotion Claude Cahun, à laquelle j’appartenais. Est-il besoin de préciser que je les remercie infiniment d’avoir participé à la création de Voies Off, dont les soirées résonnent au cœur d’Arles depuis 24 ans ? Sans cette équipe joyeuse et soudée, ce destin n’aurait jamais trouvé un démarrage aussi réjouissant. Nous avions créé un nouveau jeu, qui consistait à puiser dans la matière féconde de nos études, pour façonner et mettre en lumière le travail des photographes que nous avions choisi de soutenir. Il faut comprendre à quel point nous étions plongés dans la culture de l’image. Depuis trois ans, nous dilapidions notre temps à refaire le monde, au rythme des grands moments de l’histoire de la photographie que nous découvrions dans les salles de classe. Sans le désir et la détermination de chacun, nous aurions échoué dans notre entreprise. Déjà, une véritable passion nous animait, accompagnée de la certitude absolue que nous pouvions participer à la fabrication du monde. Nous avions compris que la photographie est un vecteur primordial des échanges entre les cultures, possédant un pouvoir inouï, et nous avons espéré très tôt une dimension internationale, pour participer à la circulation des idées.
Voies Off a fait ses premiers pas sous la forme d’une histoire de photographes engagés qui s’étaient donnés pour mission, et c’est toujours le cas, de rendre compte de la photographie contemporaine sous toutes ses formes. Faut-il le rappeler, en 1996 notre génération faisait suite à la période majeure des années 80, qui a vu s’épanouir la photographie plasticienne et ses grands formats et l’entrée de ce médium dans le champ de l’art contemporain. Nous portions cet héritage sans vouloir nous laisser enfermer, et nous avons tenté, dès le début, d’ouvrir nos sensibilités respectives à l’ensemble du spectre de la création.
Tout au long de notre histoire, le travail collectif n’a jamais cessé. Les missions se sont professionnalisées et diversifiées, de manière à intégrer la communication d’abord, puis l’administration. Mais la force du Festival Voies Off a toujours été de pouvoir compter sur des personnes engagées pour la photographie, au cœur d’une aventure humaine, et prêtes à en découdre pour révéler au plus grand nombre le travail d’un photographe que nous jugions indispensable.
La seconde personne ayant joué un rôle déterminant dans l’histoire de Voies Off a été Alain Desvergnes, Directeur des Rencontres de 1979 à 1982 et Directeur de l’ENSP alors que j’étais étudiant. Au cours des trois années de formation, nous avions tissé une véritable amitié, faite de respect et de bienveillance. Lorsqu’il su que je portais ce projet un peu fou, à quatre mois de mon diplôme, il m’apporta un soutien moral et technique inconditionnel, qui ne s’est pas démenti au cours des années. Il avait mis à notre disposition la régie audiovisuelle de l’école, et nous nous sommes retranchés, un mois durant, dans une caverne sans fenêtres, à concevoir et réaliser les premières soirées de projections. Je replonge avec nostalgie dans l’ambiance de la première fois, le contact vivifiant avec le public. Nous étions sur la place du Forum, que les festivaliers connaissent tous. Pendant de nombreuses années, bien avant le Parc des Ateliers ou la rue Fanton, cette place magnifique demeurait le centre de gravité du festival, et nous avons eu la chance de naître au bon endroit. Chacun s’affairait à sa tâche, et nous avions l’air d’une belle équipe de débutants, travaillant avec des bouts de ficelles, notre réalité d’alors. Cet endroit rassemblait chaque soir plus de mille personnes, et toute la profession était là. Une demi heure avant le lancement, j’avais un trac fou. Ayant arrêté depuis deux ans, je repris la cigarette et fumais la moitié d’un paquet dans ce laps de temps, en tournant frénétiquement autour de la place. L’endroit était bondé et, à la vérité, je n’avais qu’une envie : foutre le camp !
Ma mémoire a éclipsé la première prise de parole, mais pendant quatre ans, je revenais au même endroit, juché tel un Zachée sur son plot en béton une place, annoncer avec frayeur le programme des soirées.
Ensuite, les choses ont pris le temps qu’elles avaient à prendre, pour nous laisser le soin de faire nos preuves, d’affronter toutes les difficultés, de construire pas à pas, au fur et à mesure que nous apprenions notre métier, ce projet qui consiste à mettre en lumière, au sens propre puisque nous produisons, depuis le début, des soirées de projections, le travail des auteurs. Depuis lors, la nuit est ma résidence, la lumière ma matière première.
La quête d’une identité
La place du Forum était magnifique, et nous y avons campé tous les étés pendant quatre ans. C’était une époque bénie d’insouciance où nous organisions le festival dans notre salon. Mais nous avions besoin de bâtir notre maison, de forger une identité qui nous ressemble. En restant attachés à cette place, nous risquions d’être considérés à jamais comme des amuseurs publics, qui distraient un public moyennement concerné. Et puis, très sincèrement, il existait une raison beaucoup plus concrète : l’argent manquait, et les cafetiers de la place n’étaient pas les premiers à nous aider. J’avais 38 ans, et j’étais persuadé que nous devions professionnaliser notre fonctionnement, c’est à dire trouver les moyens financiers de se consacrer à notre tâche, pour ne pas disparaître. Pour le dire sur un autre ton, quatre ans sans salaire, ça commençait à bien faire. C’est Bernard Millet, Directeur des Rencontres à la fin des années 90 qui me proposa une solution géniale. Alors que j’étais allé le voir pour l’informer, une fois de plus, de nos difficultés, il m’intima l’idée d’installer le Festival Voies Off dans la Cour de l’Archevêché, épicentre de la ville. Il me dit : « Nous n’utilisons pas cet espace, tu y seras tranquille. Tu pourras y faire tes projections, et tenir une buvette qui te permettra de gagner quelques ressources. » Ce rendez-vous au bureau des Rencontres a changé notre vie. Nous avons convaincu, après une mémorable séance de palabres, le Maire d’alors, Paolo Toeschi. Celui-ci nous avait promis une aide substantielle qui ne venait pas. J’obtins à la place la possibilité d’investir l’Archevêché, et de monter la buvette. Dès lors, nous travaillâmes avec ardeur pour peaufiner notre installation. En approchant de la date fatidique de l’inauguration, je pris peur. Et si le public ne nous suivait pas ? A dix minutes de l’heure du rendez-vous pour les discours officiels, il n’y avait personne. Je changeais gentiment de couleur, virant du rouge au blanc, et songeant à changer de ville. A 19h précise, le flot des visiteurs commença à envahir l’espace, qui se remplit très rapidement. C’est avec une réelle émotion que j’accueilli nos amis, devant une salle comble. Nous avions gagné notre pari, mais je ne savais pas encore à quel point cela allait modifier le cours de notre histoire.
La Cour de l’Archevêché est un endroit magique. Quelques lumières l’habillent, le son y résonne donnant la plus belle robe à la pierre séculaire qui forme l’enceinte du lieu. Il est permis de penser que ce déménagement constitue une charnière dans notre développement. A partir de ce moment, nous avons pu construire notre programmation, convier des invités qui ont apportés toutes leurs forces pour faire émerger un événement de qualité. Je me souviens de la première projection de Tendance Floue, à l’occasion de leur opus baptisé : « Nous traversons la violence du monde ». Une soirée mémorable à laquelle avait assisté, calé sur sa chaise parmi les visiteurs du soir Jean Baudrillard, qui suivait attentivement l’évolution de leur travail. Son livre sur la société de consommation, écrit en 1970, avait constitué pour moi une référence pour mieux comprendre la nature de nos sociétés. Avec l’envie chevillée au corps de révéler la richesse des réseaux de la photographie contemporaine, nous avons donné la possibilité à de nombreuses structures, autour du monde, de venir au plus près des Rencontres présenter leurs choix. Simon Njami, Directeur des Rencontres de la Photographie de Bamako, nous a fait l’honneur de porter chez nous la voix de l’Afrique, qui avait du mal à se frayer un chemin jusqu’à Arles. Invité par Aliette Cosset et Isabel Forner, commissaires pour Voies Off de l’extraordinaire soirée de projections « L’Afrique en face », il avait présidé le jury pour le Prix Voies Off, et affirmé devant notre public la nécessité et la chance de pouvoir compter sur ce contrepoint, capable de défendre toutes les photographies. Très soucieux de la nature du regard que les occidentaux portent sur le reste du monde, et plus particulièrement sur son continent d’origine, il avait pleinement assumé le fait de se trouver au sein du Festival Voies Off, seul capable de produire un événement pour présenter la vitalité de la photographie africaine. Michel Poivert nous a fait l’amitié de lui succéder, quelques années plus tard, produisant une magistrale soirée intitulée « For intérieur », accompagnée d’une musique créée pour l’occasion par son frère. Ces signes de reconnaissance de la part de telles personnalités nous ont aidés à grandir. Je n’oublie pas tous les autres, qui ont fait la richesse de notre aventure. Les photographes, bien sûr, pour lesquels nous avons eu l’immense plaisir de tendre chaque année notre toile d’écran, mais aussi toutes les structures qui nous ont fait confiance pendant ces longues années. C’est grâce à eux tous que nous avons, malgré les plus grandes difficultés pour trouver un équilibre, tenu le cap. Je les remercie sincèrement, et je remercie le ciel de m’avoir donné la chance d’exercer le métier de passeur d’images.
L’enfer
Suite au désengagement de collectivités territoriales, qui a commencé en 2016, Voies Off a perdu progressivement un quart de son budget. Malgré un travail acharné, et le soutien sans faille de la Ville d’Arles, pendant trois longues années nous avons cumulé, comme bon nombre d’acteurs culturels aujourd’hui, de grandes difficultés pour fonctionner. Comment décrire le désarroi de voir se fissurer son équipe, de n’être pas sûr de finir l’année alors que, pour chaque édition, le succès est au rendez-vous ? Véritable funambule, je me suis trouvé meurtri lorsque mes lettres sont restées sans réponse. J’ai fait comme j’ai pu, j’ai développé nos ressources propres et augmenté la base de notre autofinancement. Je suis au regret de vous dire que nous sommes rincés, fauchés, raides comme des passe-lacets. La rage au ventre, j’ai égrené les jours qu’il me restait à vivre pour que ce cauchemar s’achève, jusqu’à la fermeture. Allais-je trouver la force et les moyens de tenir, pour conserver à Arles et aux Rencontres ce projet, qui d’un rêve d’étudiant a fini par traverser les frontières, pour résonner sur la scène internationale comme un événement qui soutien et défend, bec et ongle, le travail des jeunes auteurs ? Quelle est ma faute ? D’avoir voté à gauche car je crois que le bien public doit être partagé ? D’avoir cru profondément que la culture est un bien public, peut être le plus précieux ? Je suis très fier de mon parcours, et je suis encore plus fier de l’avoir réalisé avec l’aide d’une équipe formidable. Au cours des ans, plusieurs centaines de bénévoles sont venus grossir nos rangs, et offrir leur énergie. Mais la personne à qui nous devons d’être présents à cette heure, c’est Aline Phanariotis, co-fondatrice et co-directrice artistique du Festival Voies Off. Depuis le début, elle a occupé tous les postes, encaissé tous les coups durs et tenu la barre pour donner de la stabilité au navire. Alors que j’occupais le devant de la scène, elle a accompli dans l’ombre un travail remarquable pour la structure, et nous partageons depuis une décennie la direction artistique du Festival Voies Off, pour laquelle elle est très active.
L’envol
Alors que les difficultés financières commençaient à se confirmer, un rayon de soleil est venu illuminer ma course effrénée à la recherche d’une solution. Au cours d’un rendez-vous, Hervé Schiavetti, Maire d’Arles pour son troisième mandat et fin connaisseur du contexte, me dit son intention de nous aider à traverser la tourmente. Depuis de longues années, il m’a affirmé à plusieurs reprises être convaincu de la véritable nécessité, pour un festival comme les Rencontres, de compter sur un festival Off capable de proposer une alternative crédible. Celui-ci participe, comme pour le festival Off d’Avignon, à la dynamique de l’ensemble, œuvre pour la diversité des publics et constitue une proposition qui, en fin de compte, renforce le rôle moteur du In. Pour ces raisons, il ne souhaite pas nous voir disparaître, et au contraire, voudrait ancrer durablement notre projet. A son écoute, j’ai les yeux grands ouverts sur le futur, faisant intérieurement l’inventaire de toutes les solutions qu’il serait en mesure de mettre en œuvre. Je m’apercevrais bientôt que la réalité dépasse mes rêves les plus fous. Il m’annonce que, si j’en suis d’accord, nous fêterons notre 25ème anniversaire en occupant de façon pérenne le bâtiment actuel de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie, alors même qu’elle aura rejoint sa nouvelle adresse, située sur le Parc des Ateliers SNCF. Je le remercie comme il se doit, mais je sais à quel point sa proposition est motivée par une véritable reconnaissance de notre mission, dans la cour de l’Archevêché, mais aussi en fédérant l’ensemble des expositions indépendantes qui viennent s’installer à Arles chaque été. Après une phase de conception du projet que nous souhaitons mener au sein de l’Hôtel Quiqueran de Baujeu, puisque c’est son nom, nous travaillons aujourd’hui à la touche finale du déménagement avec les services municipaux, qui font preuve d’une bienveillance dont on doit les remercier. C’est avec une immense fierté, et un réel bonheur, que nous inaugurerons notre quart de siècle dans un bâtiment frappé du seau de l’Histoire de la photographie, puisqu’il a accueilli les Rencontres d’Arles et la prestigieuse école arlésienne, et a été inauguré par François Mitterrand, Président de la République Française. Les 1200 m2 de cette sublime demeure seront dédiés à une programmation configurée sur toute l’année, orientée sur le soutien à la production et à la diffusion de la jeune photographie. Un programme de résidences d’artistes et d’expositions verra le jour, accompagné par des masterclass et des ateliers de production. Nos missions sur le territoire s’étendront avec la création d’un service des publics, pour favoriser la rencontre avec les artistes. Mais avant toute chose, je voudrais dire que nous aurons réussi si cet espace s’ouvre sur la ville, devient un lieu de vie, et une Maison pour les photographes. Pour y arriver, nous aurons besoin de nos partenaires les plus fidèles, et de tous ceux qui choisiront de nous rejoindre dans cette belle aventure. Je formule le vœux de passer le relai, le moment venu, à la jeune génération, en laissant derrière moi une solide structure, ancrée dans les rumeurs du temps présent, et qui prenne tout son sens dans l’attention portée à la jeunesse.
En 25 éditions, nous aurons présenté plus de 2 500 photographes auteurs. Dans cet entrelacs d’images, se seront probablement glissés des erreurs, de magnifiques découvertes, et quelques miracles. J’aurais eu la chance de faire le métier que j’aimais, en homme libre, et de rencontrer de très belles personnes. J’aurais partagé avec elles la passion de l’image, et quelques verres de bon vin. N’ayant jamais trouvé l’économie de produire un catalogue digne de ce nom, il n’en restera presque rien, des souvenirs, quelques affiches et une valise de disques durs renfermant nos trésors, les soirées de projections qui racontent la petite histoire de la photographie.