En amont de Paris Photo, Christie’s organise le 5 novembre sa vente de Photographies tournée ici vers les photographes des XXe et XXIe siècles. Près de 150 oeuvres réalisées par les figures majeures de la photographie seront ainsi proposées, à l’instar de Richard Avedon, Irving Penn, Robert Mapplethorpe, Marina Abramovic, Man Ray ou Brancusi …
Le département Photographies présente un ensemble d’images parmi les plus célèbres et les plus emblématiques du XXe siècle, qui comprendra notamment un magnifique portrait de Marilyn Monroe par Richard Avedon, qui compte parmi les oeuvres du photographe les plus recherchées. Si Dovima with elephants vendue par Christie’s en 2008 détient aujourd’hui encore le record pour l’artiste, ayant attaint 841,000€, ce portrait à la fois grave et touchant, de grand format, représentant l’actrice dans un décor dépouillé, devrait retenir toute l’attention des collectionneurs, (estimation : €300,000- 500,000).
Au nombre des images prisées des collectionneurs, on mentionnera cette oeuvre emblématique de Peter Beard Jenny and her Jewelry, 2005. Ce tirage fait doublement référence aux univers du photographe, la mode et le Kenya, ici remarquablement juxtaposes dans une perspective unique grâce aux ajouts et annotations de l’artiste à même la photographie. Cette Afrique tant aimée se retrouve également dans les collages – photographies d’éléphants morts – placés aux pourtours du sujet central. Ainsi, la dimension personnelle, l’érotisme, la representation de la mort ou encore la destruction de la nature sont autant de thèmes chers et propres à l’univers de Peter Beard et font de Jenny and her Jewelry une oeuvre incontournable, (estimation : €120,000- 180,000).
Figure incontournable de la scène culturelle new-yorkaise des années 1980. Connu pour ses portraits en noir et blanc et ses clichés empreints d’érotisme, Robert Mapplethorpe le devient également pour ses photos de fleurs très stylisées, à l’esthétique parfaite et d’une grande sensualité. Christie’s est heureux de proposer six images iconiques du photographe américain, dans lesquelles tout l’art de Mapplethorpe se donne à voir. Ses photographies en couleurs sont empreintes de douceur, comme si la polychromie offrait une respiration, une parenthèse dans l’univers obscur du photographe, à l’instar du magnifique et délicat Poppy (1988, estimé €50,000-70,000), de la composition japonisante, Flower arrangement (1988, €30,000-50,000) ou encore de l’élégant bouquet d’Irises qui se détache sur un fond clair-obscur (estimation : €30,000-50,000). Trois tirages d’Irving Penn consacrés à cette thématique florale viendront compléter ce corpus avec notamment, Single oriental Poppy, dans laquelle Penn s’attache à capturer ce moment charnière où la fleur deviant nature morte, cadrée dans un univers minimaliste mais chargé de nostalgie et de poésie, (estimation : €30,000 -50,000).
Dans un autre registre, le département Photographies est heureux de présenter un ensemble de six photographies uniques de Constantin Brancusi proposées pour la première fois à la vente, provenant de la collection de Jürgen Partenheimer, auteur d’une thèse sur le sculpteur. L’artiste confia une partie de ses photographies en 1956 à l’historienne de l’art Carola Giedion-Welcker qui lui consacrait alors une monographie. Elle fut ensuite directrice de thèse de Jürgen Partenheimer auquel elle confia le secret de ces photographies que Brancusi conservait précieusement. C’est au cours de ses recherches dans l’atelier de l’artiste au musée d’art moderne, que Partenheimer, en 1975, mit au jour les tirages de l’artiste restés jusqu’alors dans un placard. Les collectionneurs auront l’opportunité de découvrir ces oeuvres qui rendent compte à la fois de l’univers du sculpteur mais aussi de son besoin de voir autrement ses sculptures, à travers l’objectif, à l’instar de Coq, Muse Endormie, 1924 (€50,000-70,000). Ces photographies sont proposées entre 20,000 et 70,000€.
Un autre corpus provenant de la prestigieuse collection de Charles-Henri Favrod, dont la majeure partie est aujourd’hui visible au musée Alinari (Florence), sera proposé à la vente. Si Charles-Henri Favrod nourrissait des passions pour la littérature et les beaux-arts – il fut journaliste, producteur, écrivain – très vite, il ne s’intéresse plus qu’à la photographie et commence à diriger la collection « L’Atlas des voyages » pour les éditions Rencontre. En 1974, il crée la Fondation suisse pour la photographie et en 1985, le musée de l’Elysée à Lausanne. Il y révèle des oeuvres et des démarches esthétiques, en exposant Man Ray, Henri Cartier-Bresson, William Klein, Robert Frank, Lee Friedlander. Il collectionne les oeuvres de ces photographes et va à leur rencontre lors de ses voyages, comme Cartier-Bresson, dont Christie’s dévoile ici un ensemble de 18 clichés couvrant différentes périodes du parcours du photographe et montrant ainsi les différentes thématiques qu’il a traitées : le reportage avec Mur de Berlin (Allemagne 1962, €6,000-8,000), Séville (1933, €4,000-6,000), les portraits d’artistes et d’écrivains, avec notamment ceux de Leonor Fini (Italie, 1933, €5000-7,000), Marcel Duchamp (1968, €6,000-8,000) et d’André Pieyre de Mandiargues (€8,000- 10,000, ill. à droite) ou encore les scènes de vie en Espagne, avec les Gitans (Grenade, 1933, €5,000- 7,000) aux Etats-Unis avec Californie (1960, €7,000-9,000).
Parmi les photographes contemporains, Christie’s proposera un autoportrait de l’artiste Marina Abramovic, qu’elle réalise à l’aune de la performance scarificatrice, Rhythm 10 (1973). L’artiste souhaite saisir ce moment charnière où elle se prépare mentalement à mettre son corps à l’épreuve, où l’action est encore en suspens mais la menace déjà : le regard terrifié, les mains qui semblent vouloir arrêter le geste, toute la peur contenue qui se traduit par un puissant contraste noir et blanc et nous plonge dans un huis clos avec l’artiste. Ce tirage, d’une esthétique forte, compte parmi les images rares à acquérir, (estimation €60,000-80,000).
Le département Photographies propose un cliché de la photographe américaine contemporaine, Sally Mann, mise à l’honneur au Jeu de Paume jusqu’au 22 septembre, Deep south (Untitled), datant de 1998. Ce tirage donne à voir le procédé ancien du collodion humide auquel recourt la photographe, qui consiste à enduire une plaque de verre d’une émulsion, plongée ensuite dans un bain de nitrate d’argent avant d’être exposée à la lumière. Loin de l’image numérique impeccable, la photographie obtenue par ce procédé présente de nombreuses imperfections mais donne à l’image toute sa force et la charge d’un univers onirique, (estimation : €10, 000-15,000).
Enfin, on évoquera un très bel ensemble de 13 portraits du photographe allemand disparu il y a quelques mois, Michael Wolf, issu de sa série Tokyo Compression (2012), estimé €30,000-50,000. Connu pour ses images d’urbanisation massive, de paysages envahis par des tours et du béton. Ces portraits livrent un regard plus intime sur la vie citadine, mais où les visages des gens sont physiquement écrasés contre les fenêtres des trains, leurs yeux sont fermés comme pour se protéger d’un danger d’étouffement.
Christie’s Paris
Vente : Le 5 novembre à 16h
Christie’s : 9 avenue Matignon, 75008 Paris