Chantiers navals
Pendant très longtemps j’ai réfléchi à comment je pourrai aborder ce sujet qui me tenait à cœur, mais pour lequel j’éprouvais autant de difficultés pour l’inscrire dans une étude photographique à la fois rationnelle et si possible originale.
En mémoire à tous ces milliers d’ouvriers investis dans la construction navale pendant plusieurs générations, et qui avaient perdu leur outil de travail, avec comme conséquence directe la perte de leur emploi au profit du personnel de chantiers en Indonésie, ma démarche se devait d’être la plus représentative de ces lieux, sans occulter le temps qui passe.
Dans ce premier “volet” j’ai privilégié l’extérieur de ces structures monumentales, en prenant soin du choix et de l’heure de prise de vue, la lumière du jour ayant une importance primordiale, afin de restituer, de mettre en valeur et en évidence les éléments qui les composent.
Des bâtiments de mécanique aux hangars consacrés à la menuiserie, partout les affres du temps ont laissé des stigmates de dégradations volontaires ou non.
C’est ainsi que la nature envahit peu à peu le site, parfois avec bonheur, alors que les structures métalliques sont rongées par la rouille et l’air marin.
Une multitude de pigeons ont élu domicile sur les corniches du bâtiment principal, et les graffeurs se sont appropriés avec bonheur les murs d’enceinte, réalisant des tags et des fresques modernes et violemment colorées, qui interpellent autant qu’elles peuvent faire sourire.
Même si aujourd’hui aucun projet d’ampleur ne semble pouvoir émerger prochainement face à la complexité de réhabilitation de ces lieux si particuliers, mon témoignage photographique aura au moins le mérite de donner à voir des facettes d’un monde où le devoir de mémoire s’inscrit dans l’histoire des chantiers navals de La Seyne sur mer.
