La rivière est une artiste peintre, et son potentiel créatif est juste impressionnant. Mais elle a besoin de nous, et d’un soleil sans nuage, pour se révéler à nos yeux, jusqu’à créer ses œuvres éphémères. La journée du photographe commence alors par deux heures d’installation d’un lourd matériel, bricolé comme on peut, et avec les moyens du bord. Puis vient enfin le temps de la magie et de l’émerveillement. Les traits de lumière, d’une couleur intense et saturée, viennent alors briller dans le viseur de l’appareil photo. Il ne reste plus qu’à essayer d’être au bon endroit, et surtout au meilleur moment. Car de minute en minute la terre tourne, et le soleil bouge vite, bien trop vite. Sans cesse, et à longueur de journée, tous les réglages sont à refaire. C’est la course contre le temps, du pur reportage, pour témoigner du mariage créatif entre les vibrations de l’eau et de celles de la lumière solaire, via toute une stratégie, tout un processus de prise de vue.
Finalement, voici de véritables images. Pas de montage ni d’effet spécial informatique. Tout se fait instantanément, en direct, et en un seul cliché. Bien sûr, et comme toujours, il y a aussi une retouche de développement numérique standard, pour optimiser le rendu et corriger les éventuelles imperfections de la prise de vue.
Le secret? Un travail sur la maîtrise des traits de lumière. Car, outre le trait que tout le monde connaît déjà, celui du light painting, il y en existe d’autres types, qui n’attendent que notre travail pour enfin trouver leur place dans l’art de la création photographique. Alors oui, la lumière n’a pas encore dit son dernier mot pour nous émerveiller. Et vive la technologie d’aujourd’hui, qui donne au plus grand nombre d’entre nous les moyens d’explorer de nouvelles voies « photon-graphiques », notamment, quand la notion d’écriture ose passer au premier plan de l’image, pour mieux nous inviter à explorer… notre propre imaginaire!
Christian Fleitz
dit ‘Le photographe du trait’
