On dit: «Une photo vaut mille mots».
Il m’est cependant impossible de livrer ces images dont les dates oscillent entre 1970 et aujourd’hui, sans briser le silence.
J’ai fait une sélection qui n’est ni chronologique, ni imposée par le sujet. Seuls l’affectif, l’esthétique et le petit «je ne sais quoi» ont guidé un choix.
Partisan de l’argentique, toutes mes images sont issues de films noir et blanc et n’ont subi aucune retouche. Je ne photographie que ce que j’aime voir, souvent sous le coup d’une stimulation générée par mes souvenirs d’enfance.
Les personnages que j’ai choisi de photographier de dos ne sont en fait que le relais de mon propre regard; mes nus ne sont que le déguisement de mes désirs; mes natures mortes sont la métaphore de ma passion pour ces choses créées par des anonymes qui, sans le savoir, ont touché l’essentiel en concevant ces objets dont l’expérience me rassure. Les paysages, enfin, ne sont que le résultat de la symbiose entre souvenirs et apparitions fortuites au détour d’une colline ou d’un chemin.
Durant ces derniers dix ans, je n’ai eu de cesse de traquer l’origine de mes actes photographiques afin d’en comprendre le sens et de me permettre d’avancer. J’ai cherché dans les recoins de mon esprit une autre forme de photographie, alors que j’avais finalement déjà trouvé la mienne.
Le magnétisme qu’exercent sur moi mes obsessions et ma nature profonde ressort vainqueur de ce conflit entre fantasme et réalité; alors je creuse pour trouver l’éventuelle sous-couche, éternelle raison de vivre.
Christian Coigny
Christian Coigny – Photographies
Du 13 septembre au 15 novembre 2018
Fondation Auer Ory pour la photographie
10 rue du Couchant
CH-1248 Hermance