Inauguration très officielle de la nouvelle saison de la création contemporaine à Chaumont sur Loire en présence de Manuel Valls et de la ministre de la culture Audrey Azoulay qui en ont profité pour dévoiler les fondements de la future loi 1% culture en faveur du soutien d’artistes de toutes disciplines. Ces artistes qui font ce lien au fil des saisons entre nature et patrimoine dans l’imposant château et le parc propice à toutes les audaces, parmi eux 5 photographes et vidéastes. Ils sont anglais (Andy Goldsworthy), français (Jean-Baptiste Huynh), brésilienne (Luzia Simons), italien (Quayola) et coréen du sud (Han Sungpil) et sont passionnés par la photographie mais aussi la peinture, le dessin, la sculpture, l’installation, la vidéo ou la 3D.
Maître du land art, Andy Goldsworthy se saisit des éléments pour varier les temporalités et les mediums, la photographie donnant à ses interventions éphémères une persistance de l’ordre de l’épiphanie perpétuelle. Ce cairn inédit conçu dans le parc où pierre et végétal vont finir par s’épouser se voit ainsi doté d’une vie nouvelle par le truchement de l’image.
Jean-Baptiste Huynh dans un langage épuré et dénué d’artifice se penche sur le portrait, les nus, la nature, le feu, les crépuscules dans des séries axées autour de la lumière. Un sujet unique en format carré et dans un tirage grand format permettent d’en capter l’essence dans une relation à l’infini.
Luzia Simons retrouve les gestes précurseurs du medium photographique sur les traces de Man Ray avec ses « scannogrammes », discipline où elle fait figure de pionnière. Remplaçant l’appareil photographique par un scanner, la haute résolution du numérique lui permet d’élaborer des diptyques ou triptyques monumentaux autour de motifs floraux isolés érigés alors au rang d’art. Après les tulipes époustouflantes en trompe l’œil repixelisé place aux jardins modernistes de son pays qu’elle soumet aux mêmes déformations opérant une réflexion sur le drame secret à venir.
Quayola à partir du video mapping créé des environnements numériques immersifs où les couleurs les formes, les proportions, les sons évoluent sans cesse et procurent au spectateur émotions et collisions mentales. Aux confins d’une peinture animée ces paysages sont une invitation à la méditation et une ode à l’impermanence.
Han Sungpil à l’occasion d’une résidence effectuée en 2015 au Domaine (programme international Odyssée) a réalisé cette série des « nuages » au cours de performances poétiques et humoristiques mais toujours connectées aux questions environnementales du territoire.
Enfin, Marc Couturier et ses recherches autour de l’invisible peut rejoindre ce panorama avec plusieurs interventions rejouant la révélation de l’espace sidéral dans de subtiles flaques vertes, vitraux, tapis étoilés, autant de signes du merveilleux et bains révélateurs à débusquer.
Cette quête du sublime révélé est sans doute ce qui rassemble ces propositions autour des états transitoires de la nature et de la matière même de l’image. Une portée à la fois philosophique et formelle qui transcende ce qu’elle traverse et nous captive longtemps après.
INFORMATIONS
Saison d’art 2016, Domaine de Chaumont sur Loire (région Centre-Val de Loire)
Centre d’art et de nature
http://www.domaine-chaumont.fr/