Jusqu’au 24 septembre, le Centre des monuments nationaux présente au Château de Haroué l’exposition D’Après Nature, Parcs et Jardins par Michael Kenna.
Photographe globe-trotter infatigable, grand maître du paysage en noir et blanc, Michael Kenna ne cesse, depuis maintenant cinq décennies, d’explorer le thème de la nature aménagée par la main de l’homme. De l’Europe à l’Asie, l’exposition donne à voir des compositions paysagères remarquables qui « font tableau ». Quelques figures d’arbres d’une grande expressivité complètent la sélection de ces tirages somptueux que le photographe a lui-même réalisés avec soin et exigence.
Héritier à sa manière des artistes du Grand Tour, Kenna est un photographe solitaire, souvent nocturne, qui traque des atmosphères uniques. Il porte, depuis ses débuts, une attention constante aux parcs et jardins, à ces paysages savamment composés par l’homme. La figure humaine proprement dite reste cependant absente de toute sa production qui n’évoque l’humain qu’à travers ses traces ou ses œuvres. « Dans tout mon travail, (…) il y a un thème sous-jacent qui est celui de la mémoire, du temps, du changement, des atmosphères qui semblent liées aux lieux », déclare l’artiste. C’est bien le lieu réel, par-delà l’exploitation, d’ordre touristique ou industriel, dont il fait l’objet, que recherche inlassablement Kenna. Ses paysages se manifestent d’eux-mêmes dans un pur bonheur d’expression aux antipodes de la démarche qui consisterait à postuler des résonances entre un état d’âme et un lieu. Dans la présente sélection, où la France tient une place éminente, les compositions paysagères classiques de Versailles, de Saint-Cloud, de Vaux-le-Vicomte ou le jardin anglo-chinois du désert de Retz, sont autant d’études, au sens pictural du terme, venant constituer de somptueuses séries.
La figure de l’arbre donne l’occasion d’étendre à l’Asie l’exploration du thème de la nature domestiquée. La démarche reste la même. Il ne saurait être question pour l’artiste de plier le végétal à sa vision. Le photographe se met humblement au service de son sujet : « J’aime connaître intimement un arbre… Je passe un bon moment à en faire le tour, j’essaie de le connaître. En fait, c’est comme si je lui parlais. J’essaie d’être respectueux et surtout j’aime revenir vers lui deux ans, cinq ans plus tard, aussi souvent que possible ».
Sabine Troncin-Denis, commissaire de l’exposition
Michael Kenna : D’Après Nature, Parcs et Jardins
Jusqu’au 24 septembre 2023
Château de Haroué
Place du Château
54740 Haroué, France
https://www.chateau-haroue.fr/