Son nom : Dimitri de Larocque Latour. Il a une passion pour les ruines, châteaux et vieilles demeures. Il se présente ainsi:
Mon style se rapprocherait des gravures, et l’idée romantique (trouver sa paix au milieu des ruines) de celle de Sir Simon Marsden dont le livre La France hantée (Flammarion, 2006) fut une révélation. Mais cette quête a commencé dans les yeux de la Dame blanche de l’abbaye de Mortemer (Eure), peinte par un aïeul, Jacques de Larocque Latour. Le fantôme de Mathilde l’Emperesse, bienfaitrice des lieux, y reviendrait chaque nuit de pleine lune, disent les veilles légendes. J’ai passé l’enfance sous l’œil théurgique de ce tableau, et par la suite, peut-être assimilé Mathilde à la Matelda de Dante, aux bords de l’Eunoé – ce fleuve qui donne la mémoire des bonne choses, au contraire du Léthé. Bref, Mathilde est devenue l’emblème d’un passé merveilleux, la meilleure guide dans ce voyage de l’autre côté du réel.
Un monument habite son passé. En visitant tel château, nous discutons avec un témoin direct. Entre les pierres, les poutres et les douves, tout réverbère les temps glorieux. Un microclimat favorise les enchantements. C’est une plongée dans l’Âge d’or, où la vie est chatoyante, de couleurs et de sentiments, comme dans les contes et légendes. Un carrefour dans les bois, une fontaine abandonnée, un chemin creux,… et renoue ce dialogue ancestral. Le paysage devient un état d’âme, une enveloppe qu’on ouvre de l’œil intérieur. Chacune de mes photographies évoque les heures de repos où tout se fond, se remémore. Elle prolonge le jardin de l’enfance et les rêves qui nous prennent par la main, nous conduisent au-delà des fagots de bois, puis nous lâchent en lisière des grands arbres. Alors, formes, parfums, couleurs,… tout s’amalgame et fait signe. L’Image (dont l’anagramme est Magie) n’est qu’une étape. Bientôt, elle se fane. L’image s’écorne et perd sa couleur – elle est brûlée, par le soleil, la lune et vos regards ; en vous, elle est recréée.
Voici rassemblés des châteaux pleins de duels et d’épreuves, mais aussi de grâces. Les légendes sont les perles de ces châteaux, enfantées par le sel de pierre, – couvées de créatures chimériques qui se disputent leurs enceintes. Parfois, ces formes irréelles empiètent sur notre monde ; peut-être, sur l’une de ces photographies, trouverez-vous la silhouette d’un vieux dragon, d’une enchanteresse, ou de mains brûlantes vous cherchant depuis des siècles.
Né en 1996, Dimitri de Larocque Latour a grandi entre la Normandie des Dames blanches et la Vendée de Mélusine, marqué par les œuvres de son aïeul, l’artiste peintre Jacques de Larocque Latour. Par la photo, il approfondit le mystère de ces tableaux, poursuit la quête du pays fantastique. Ses travaux ont notamment été exposés lors des Rencontres d’Arles en 2018, à l’abbaye de Fontaine-Guérard (Eure) durant l’été 2020, sous le titre L’Appel de Merlin – Merlin étant aussi son deuxième prénom (le début d’une piste ?), au Domaine national du château d’Angers en décembre 2021, mais également à Paris, Nantes, Versailles ou Belfort.
https://www.youtube.com/watch?v=8Dw4i-8TwR
Dimitri de Larocque Latour : Châteaux Fantastiques
Du 7 février au 9 mai 2022.
Château de Carrouges (Orne, Normandie) / Centre des Monuments Nationaux
Salles hautes du donjon (exposition comprise dans le droit d’entrée – 6 € – du monument et la visite des appartements du château).
Tous les jours (sauf 1er mai) : 10h-12h30 / 14h-16h45 (18h à partir de mai).
Derniers accès à 12h et 16h20.
Tel : 02 33 27 20 32
