Quadripèdes et eau bénite
La fête de la Saint-Hubert en Belgique a lieu chaque année le premier dimanche de novembre. À Oud-Heverlee, les voitures arrivent en début d’après-midi au bord d’un petit lac romantique entouré de champs aux couleurs automnales. Les gens sortent leur chiens et disparaissent sur un chemin à travers bois pour déboucher quelques minutes plus tard devant la chapelle Van Steenbergen datant de 1652. C’est le jour de la bénédiction annuelle de leurs compagnons à quatre pattes. L’atmosphère est débonnaire et amicale, après une courte messe suivie de la distribution des hosties aux humains commence la rédemption des animaux. Bien qu’ouverte à tous les êtres vivants, c’est surtout une histoire de chiens. Je n’y ai vu ni poissons rouges, ni chats, ni marmottes endormies, à peine un cheval pas très rassuré béni en catimini derrière l’église.
Après un petit concert de l’harmonie locale, chaque propriétaire fait la queue en essayant de calmer les petits monstres bien plus intéressés par la chasse aux mulots qu’à la présence divine ; le prêtre officiant, M. Paul de Hopere (missionnaire à la retraite) asperge d’eau bénite les museaux de nos meilleurs amis qui apprécient peu cette averse inattendue.
J’ai photographié la cérémonie et fait des portraits de quelques propriétaires et de leurs compagnons derrière un petit drap blanc, une sorte d’intimité à leur amour. Ce qui ne cesse de m’étonner dans ces images, c’est la ressemblance fusionnelle entre maitres et chiens. Chacun a pris quelque chose de l’autre, leurs physiques s’assemblent et leurs regards se mêlent.
Charles Habib, Mai 2021