Fabula de Charles Fréger, présenté à l’Armani / Silos de Milan, va de pair avec un scénario original, et un peu de magie et d’étonnement, tous des éléments essentiels des contes de fées. En fait, c’est un conte de fées assez spécial qui, tout en nous fascinant, parle de différentes communautés, des individus qui les composent et des codes vestimentaires qu’ils adoptent pour faire partie d’un groupe. Il s’agit d’une vaste exposition anthologique documentant les recherches en cours chez Freger, montrant plus de deux cent cinquante images, de la série des premiers nageurs Water Polo nageurs (2000) à des images plus récentes, telles que la série Mardi Gras Indians (2016).
Fréger se concentre depuis plus de 15 ans sur cette question, pousuivant ses recherches dans le monde entier, documentant comment les humains gèrent les peurs les plus profondes, le besoin ou la volonté d’appartenance, en donnant un aperçu captivant de la richesse visuelle de l’humanité. Charles Fréger explore les codes vestimentaires de divers groupes, en se concentrant sur les couches extérieures qu’ils adoptent, comme par exemple des vêtements ou des masques rituels. Son travail construit une codification croissante des signes, soulignant le pouvoir des robes comme moyen primordial de communication non verbale. Selon ses recherches photographiques, des groupes d’images dialoguant entre eux créeraient une sorte de protocole visuel (reliant portraits et uniformes) et souligneraient à la fois la théâtralité et la précision ethnologique de son travail. «La mise en scène de l’exposition chez Armani / Silos contribue à visualiser mes œuvres chapitre par chapitre et à donner le rythme à l’exposition photographique. Il y a une sensation de temps et d’évolution », déclare Charles Fréger.
Fabula, en tant que sorte de compendium encyclopédique – bien que poétique -, essaie d’identifier les liens, les rituels et les pratiques qui unissent les individus dans une communauté, dans un groupe. Pourtant, la tenue, la pose et le vêtement constituent la première référence, ainsi que les masques et le maquillage, qui sont mis en valeur dans la série par la série Wilder Mann et Yokainoshima, toutes deux consacrées aux traditions masquées liées à la vie rurale. Les couleurs aussi sont très intéressantes dans ce contexte même. Selon Giorgio Armani, «La vitalité de la couleur est ce qui a attiré mon attention en premier. Cette couleur, cependant, n’est pas un pur exploit visuel: c’est une représentation de l’énergie humaine. En tant que créatrice de mode, je sais que les vêtements revêtent une grande signification symbolique: Fréger nous le rappelle constamment, récupérant les aspects les plus profonds de l’habillement comme moyen de communication »
L’exposition comprend également des portraits de l’équipe finlandaise de patinage sur glace (Steps) et des images de jeunes lutteurs de sumo (Rikishi), un document des armées européennes et leurs uniformes (Empire), des images de soldats sikhs (régiment indien) et d’éléphants de Jaipur. (Éléphants peints). Chaque communauté a son propre code, mais l’envie d’exprimer son appartenance par le vêtement est assez commune. «Par exemple, l’uniforme est une expression visuelle de la communauté, il représente le lien avec un lieu et un groupe de personnes», explique Fréger. Cependant, le résultat n’est pas seulement l’enregistrement fidèle des sujets, mais aussi un portrait où les modèles sont des sujets avec leur identité et leur dignité. «L’artiste propose une nouvelle façon de regarder des traits comparables et différenciants, avec quels liens et quels liens se séparent. Mais ce réalisme ne tient pas aux détails expressifs ni aux contours de la physionomie. La démarche de Charles Fréger réussit à capturer la vie de ces gens », disait Philippe Arbaïzar.
Paola Sammartano
Paola Sammartano est une journaliste spécialisée dans les arts et la photographie basée à Milan, en Italie.
Charles Fréger : Fabula
Du 12 janvier au 24 mars 2019
Armani / Silos
Via Bergognone 40, Milan