![Céline Ravier : [Auto] Edition photographique, enquête sur une mutation](/wp-content/uploads/2020/02/AutoEdition_couv_une-1-x540q80.jpg)
Son nom : Céline Ravier. Elle vient d’écrire un livre remarquable, intitulé :
[AUTO]ÉDITION PHOTOGRAPHIQUE. Enquête sur une mutation.
Le livre est publie chez l’éditeur Arnaud Bizalion.
Nous publierons en quatre fois les principaux themes de l’ouvrage, voici le second episode.
Les bouleversements actuels du marché de l’édition photographique
La jouissance passe par l’image. Voilà la grande mutation. – Roland Barthes
Le monde de l’édition photographique a profondément évolué ces dix dernières années et le constat est sans équivoque : de tous côtés, on parle désormais de « surpublication ». Quels en sont les facteurs ?
Il est aujourd’hui désormais possible de distinguer plusieurs catégories d’éditeurs de livres de photographies : les éditeurs historiques, les éditeurs indépendants de taille plus modeste, les éditeurs alternatifs ou micro-éditeurs, et les photographes auteurs autoédités.
En parallèle à ce large paysage d’éditeurs (et de modes d’édition), s’ajoute un nombre de plus en plus important de photographes fraîchement sortis des écoles de photographies qui veulent publier leurs livres. En résulte depuis les années 2010 une inflation de l’offre de livres de photographies. Patrick Le Bescont, fondateur de la maison d’édition Filigranes, a pu voir un changement assez net depuis cinq ans : « Il y a de plus en plus de livres et de plus en plus de photographes. Plusieurs centaines de diplômés sortent chaque année des écoles de photo comme l’ENSP à Arles (École Nationale Supérieure de la Photographie), l’ENS Louis Lumière à Lyon ou les Gobelins à Paris ».
Autre constat : le marasme du marché du magazine et de la presse en général, l’un des principaux supports des photographes, qui n’a de cessé de se dégrader depuis 20 ans. Désormais, les magazines ont rarement un budget suffisant pour commander des travaux documentaires ou de photojournalisme.
Selon le dernier rapport publié en mars 2019, ce micromarché de l’édition française, qui représentait 2,9 % du marché de l’édition en 2017, est à peu près stable (– 0,8 % par rapport à 2016). Toutefois, nombre d’éditeurs spécialisés évoquent la fragilité de leur économie.
Le constat est désormais clair : l’édition photographique se situe aujourd’hui dans un système économique dysfonctionnel. Celui d’un micro marché fragmenté et concurrentiel où la demande du public, malgré l’engouement de plus en plus fort pour le livre photographique, ne grandit pas proportionnellement à l’inflation de l’offre. Nous allons, dans les pages qui suivent, tenter de mieux cerner les différents bouleversements de ce marché en pleine recomposition….
Céline Ravier
https://www.arnaudbizalion.fr/
